◮ Quel était votre rêve le plus fou lorsque vous étiez enfant?
Je pense que c'était de pouvoir rencontrer mon père un jour, c'est toujours quelque chose qui hante notre esprit quand on ne sait pas de qui il s'agit, mais heureusement ça m'est passé avec le temps. Mais c'est vrai que quand j'étais une gamine, je n'arrêtais pas de m'imaginer le voir débarquer sur le seuil de notre maison avec un sourire aussi énorme que possible et ne voulant qu'une seule chose, me connaître. Pourtant, ma mère a été honnête très tôt avec moi, m'expliquant qu'il ne voulait pas d'enfant et que c'était pour ça qu'il n'était pas resté avec nous. Autant dire que j'ai vite compris que je n'étais pas voulu, même si ma mère m'a aimé plus que possible pour meubler cette absence avec mes grands-parents. C'est toutefois quelque chose qui me hantera toujours, jusqu'à ce que je sois sur mon lit de mort très certainement et c'est peut-être aussi pour ça que je n'arrive pas réellement à m'engager avec un homme. Par peur de le voir partir comme mon père auparavant. Ce n'est pas un rêve extraordinaire comme beaucoup d'autres, mais c'était mon rêve fou.

◮ Quel est LE truc que vous faisiez enfant et que vous ne pouvez plus faire maintenant?
Grimper sur les genoux de mon grand-père pour essayer de le mettre dans ma poche après que j'ai fait une bêtise, je suis un peu trop lourde maintenant et certainement assez grande pour me défendre seule. Mais pendant mon enfance, c'était une chose que je faisais très souvent et à chaque fois, même très souvent, il était de mon côté et il se faisait mon avocat contre ma mère et ma grand-mère. Bien entendu, très souvent j'écopais d'une punition, mais je sais que je peux toujours compter sur lui. C'est ma figure paternelle, celle dont j'ai tellement rêvé quand j'étais une petite fille. Ça me manque de ne plus avoir ce genre de proximité avec lui, même si je passe toujours autant de temps chez mes grands-parents. C'est l'un des souvenirs marquants de mon enfance.

◮ Ça veut dire quoi être adulte exactement pour vous?
C'est une très bonne question, mais je pense qu'en gros, c'est faire face à ses responsabilités. Quand on est gosse, on peut toujours compter sur le papa et maman, mais une fois adulte, il faut prendre conscience que maintenant c'est nous et seulement nous. Il faut avouer que c'est quand même flippant, bien que cela ait certains bons côtés tout de même, comme pouvoir faire ce que l'on veut sans devoir rendre de compte à qui que ce soit. Se saouler jusqu'au bout de la nuit, faire la grasse matinée le week-end ou encore faire une folie en achetant une robe qu'on ne mettra jamais mais qui nous faisait de l’œil dans une vitrine. C'est moitié-moitié. Bien entendu, par moments qui ne voudraient pas retourner en enfance pour se retrouver dans cette sécurité si apaisante qui fait le monde d'un enfant ? Beaucoup très certainement, mais pas moi. J'aime cette sensation de me construire par moi-même, de faire des erreurs et de voir les répercussions que cela peut avoir sur ma petite vie. Ouais, je prends la vie comme elle vient, après tout on ne peut pas faire autrement.

◮ Une petite anecdote, peut-être? & une phrase fétiche?
Étant une grande fan de dessin animé, j'ai une phrase fétiche qui vient de Peter Pan et qui n'est autre que « Rêve ta vie en couleur... C’est le secret du bonheur ! ». Il faut avouer que quand j'étais petite, je ne comprenais pas grande chose au sens de cette réplique, la seule qui m'intéressait étant de savoir comment faire pour m'envoler et rejoindre le Pays Imaginaire, ce que je n'ai jamais réussi à savoir. En tout cas, moi je la trouve fort de sens, il faut se dire que même dans les pires moments de notre existence, il y a toujours quelque part un éclair de lumière et qu'il ne faut surtout pas baisser les bras. La vie n'est pas une partie de plaisir, mais il faut en faire un jeu pour la vivre sans avoir un jour des regrets.

PSEUDO: Marine. AGE: Dix-neuf ans. COMMENT AS TU CONNU LE FORUM : Bazzart. QU'EN PENSES-TU ?: Il est superbe et l'accueil plus que chaleureux. DEDICACES: .

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<taken>anne hathaway</taken>[color=black] ∞[/color] daisy wheelan

« Madame Wheelan, ici le directeur de l'école de votre fille, je vous appelle car il y a eu un petit incident... » J'entends presque la voix de ma mère résonné jusqu'à mes oreilles, mais je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle peut dire, mais si vu la réaction de Monsieur Baxter, elle est en pleine panique. Ça se conçoit au bout du compte, je crois bien que c'est la première fois qu'il l'appelle depuis que je suis élève dans leur établissement et ça doit toujours faire peur aux parents ce genre d'appel. « Non, non, tout va bien, Margaret n'est pas blessée... » Je serre les poings en entendant mon prénom et détourne la tête, à l'extérieur du bureau la vie continue tranquillement comme-ci rien n'était arrivé quelques minutes auparavant. « Bien, à tout de suite. » Il raccroche et je retourne mon attention sur lui, il n'est pas très vieux pour diriger une école et je l'ai toujours trouvé assez gentil, peut-être simplement par ce que je n'avais jamais eu affaire avec lui. Le silence prend possession de la pièce et je triture l'ourlet de ma jupe tout en essayant d'occulter le fait que ma mère va débarquer dans même pas dix minutes, grillant certainement quelques feux rouges pour arriver le plus rapidement possible. Il faut avouer que c'est une inquiète de nature, alors le fait de me savoir assise dans ce bureau, elle doit être au bord de l'attaque cardiaque. Elle a très certainement dit à grand-mère ce qui se passait avant de quitter la boutique pour venir ici le plus rapidement possible, ce qui veut dire que grand-père doit être aussi informé maintenant. Les nouvelles vont vite dans notre famille, peut-être par ce qu'on a toujours été extrêmement proche. « Vous ne voulez toujours pas me dire pourquoi vous avez eu ce geste ? » Je secoue la tête négativement en plantant mon regard dans le sien, il soupir avant de se lever pour quitter le bureau. Me voilà seule, mais pour longtemps et je sens mon cœur battre un peu plus vite. À dix ans, je viens de faire ma première grosse bêtise et je sais très bien que j'ai fait une erreur en réagissant ainsi, en tout cas, c'est ce qu'on va me dire. Le pire, ça va être de voir la déception dans le regard de ma mère qui va certainement ne pas comprendre pourquoi j'ai eu ce genre de geste, mais je ne pouvais pas laisser passer. Sans avoir le temps de souffler, la porte s'ouvre à nouveau sur le directeur qui rentre avec un dossier dans les mains, certainement le mien afin de voir ce qu'il peut y avoir dedans. Il commence à lire tranquillement quand on frappe et que le battant s'ouvre pour laisser apparaître ma mère qui a l'air de finir de courir un marathon. Elle s'approche, serre la main de l'homme avant de s'asseoir à côté de moi tout en me lançant un regard plus qu'inquisiteur. « Merci d'être venue aussi vite, Madame, nous avons eu un petit problème de violence aujourd'hui, votre fille à mettre un coup de poing dans le nez d'une de ses petites camarades qui est à l'heure qu'il est à l'hôpital pour une suspicion de fracture. » Je me tasse sur mon siège tout en voyant l'air plus que choquer de ma mère, elle ne s’attendait très certainement pas à ça. Elle passe une main dans ses cheveux avant de se tourner complètement vers moi, un air que je ne lui avais jamais vu sur le visage. « Puis-je savoir pourquoi tu as fait ça ? Je t'ai pas élevé de cette manière, pour que tu deviennes une canaille dans la cour de récréation. » Mon cœur se serre. Ça n'a jamais été facile pour ma mère, surtout à cause de moi, après tout devenir maman à seize ans n'était pas du tout dans ses priorités et pourtant elle a tout fait pour que j'ai la meilleure des existences. Voilà comment je la remercie, en la faisant convoquer quand le bureau du directeur. Je soupire avant de parler d'une petite voix. « Je suis désolée maman, mais Shelley a été vraiment méchante avec moi, elle m'a dit que je n'étais pas normale, que j'étais une bâtarde. » Je vois le choc sur le visage des deux adultes, ils ne s'attendaient très certainement pas à ça. Bien que je sois assez jeune, je sais ce que veut dire ce mot et je ne l'ai jamais accepté, après tout on m'a toujours dit que si mon père n'était pas là, ce n'était pas ma faute, seulement la sienne. Puis ce genre d'insulte touche toute ma famille, donc je ne pouvais pas laisser passer. Ma mère soupire avant de parler. « Je comprends que cela t'est toucher ma chérie, mais tu n'aurais pas dû te battre, tu aurais dû aller vers un adulte afin de lui en parler et il aurait réglé les choses par lui-même. » Ce n'est pas si bête, mais sur le moment la colère était tellement forte que je n'y ai pas réellement pensée et puis ça me semblait tellement innocent, je ne pensais même pas atteindre son nez. Le directeur est un peu mal à l'aise, mais se reprend assez rapidement. « Donc si j'ai bien compris, il y a des torts des deux côtés, je vais donc prendre contact avec les Newton avant de fixer une punition pour toi, Margaret. » Je soupire avant de le regarder. « Je m'appelle Daisy. » Il me regarde bizarrement avant de tourner son regard vers ma mère qui secoue la tête avant de passer une main dans ses cheveux. « Excusez-la, elle n'aime pas son prénom et mon père l'appelle Daisy depuis son plus jeune âge, alors tout le monde l'appelle ainsi depuis l'école maternelle ou presque. Mais ce n'est pas la question, j'attendrais votre coup de fil afin d'en savoir plus, en espérant que malgré sa blessure cette petite fille aura un sermon sur sa manière de parler à ses camarades classe, je ne tolérerais plus qu'on dise cela de mon enfant. » Le ton de ma mère est rude et elle se lève avant de serrer la main du directeur, je me lève à sa suite et nous prenons la direction de la voiture dans laquelle nous montons en silence. Je sais qu'elle a honte de mon comportement, mais aussi qu'elle est blessée par l'attaque dont j'ai été l'objet. Elle met le moteur en route avant de soupirer et de quitter le parking. « Daisy, je sais que ce n'est pas facile de se laisser insulter, mais la prochaine évite de faire en sorte que je me retrouve dans le bureau du directeur. Mais je ne laisserais pas cela se reproduite, sois en certaine, ma fille n'est pas une bâtarde et tout le monde va le savoir. » La machine Heather Wheelan est en route, chaud devant.

On frappe à ma porte, je me redresse aussi bien que possible dans mon lit avant de repousser mes cheveux qui me tombent sur le visage tout en invitant la personne à entrer dans ma chambre. Je n'ai envie de voir personne, mais tout le monde viens me voir, pour savoir comment je vais, si j'arrive à passer outre à ce terrible drame qui vient de m'arriver. Mais comment pourrais-je oublier alors que ça ne fait même pas deux semaines que ça a eu lieu, je n'arrive pas à croire que ce n'était seulement qu'aujourd'hui que nous devions faire notre grand retour après notre petit voyage. C'est ma grand-mère, elle a un sourire sur les lèvres et s'approche de moi avant de déposer un baiser sur mon front, faisant attention de ne pas toucher la partie encore recouverte d'un pansement. Elle s'installe sur le bord du matelas avant de poser sa main sur la mienne. « Tu as l'air en meilleure forme. » Je sais qu'elle dit ça pour me remonter le moral, même si je pense que ce n'est pas réellement un mensonge, je mange un peu mieux depuis deux ou trois jours et je sens que je reprends un peu de force. Au contraire, elle n'a pas l'air au plus haut de sa forme, je sais qu'elle n'a pas arrêté de s’inquiéter ces derniers temps en compagnie du grand-père et de maman. Je n'ose même pas imaginer dans quel état ils étaient quand ils ont appris pour l'accident, rien que d'y penser mon cœur se serre et je sens les larmes qui me montent aux yeux. Un chauffard saoul et voilà le résultat, plus d'une vie avait été bouleversée. « Ça va aller ma puce, tu sais que si tu veux en parler, je suis là. » Je secoue positivement la tête. Mais comment parler du fait que Jamie n'était plus là, que je ne reverrais plus son sourire et que je ne l'entendrai plus jamais sortir une phrase complètement idiote afin de me faire rire. Comment parler du fait que Reed a une chance sur deux de ne retrouver aucune sensation dans ses jambes, elle qui rêvait de pouvoir parcourir le monde en devenant archéologue. Nous étions que trois à nous en être sortie à peu près indemne, ou presque, plus jamais rien ne serait pareil. Nous aurions dû être tous ensemble, pour profiter encore de notre liberté avant l'entrée à l'Université et sur notre petit groupe de cinq, un n'était plus là et l'autre allait devoir souffrir pendant le reste de son existence. Sentant la colère monter, je prends une grande inspiration avant de souffler. « Je m'en veux tellement grand-mère, ce maudit accident, pourquoi ça nous est arrivé ? » C'est la question qui n'arrête pas de revenir dans mon esprit depuis que j'ai repris connaissance à l'hôpital, trois jours après l'accident et que j'ai compris ce qui nous était arrivé, que j'ai appris que Jamie était mort. Ma réaction a été si terrible que j'ai dû être shooté afin de ne pas me débattre et aggraver encore mon état. L'injustice a été encore pire quand j'ai appris que le chauffeur qui avait causé l'accident s'en était sortie avec seulement un poignet de casser et un poids sur la conscience. Comme quoi le destin était parfois vraiment pourri. Depuis que j'étais revenu à la maison, je m'étais enfermé dans un certain mutisme, que je n'avais brisé que pour me rendre sur la tombe de mon ami de toujours et pour rendre visite à ses parents qui étaient complètement effondrés. Il était leur seul enfant, ils n'avaient que lui pour faire leur bonheur et ils avaient tout perdu. « Tu n'as pas à t'en vouloir Daisy, personne ne pouvait prévoir ce qui allait arriver. C'est horrible de vivre ce genre de chose, mais vous allez devoir vous serrer les coudes et votre amitié, ce lien si fort qui vous relient vous aidera à reprendre votre existence, j'en suis certaine. » Tout le monde dit ça, mais est-ce que tout le monde pense au fait que plus rien n'est comme avant, que notre groupe n'est plus celui qu'il était quand nous avons reçu notre diplôme. C'est ce qui me fait peur, celui qu'on s'éloigne et que tout ce que nous avons construit soit perdu. « J'aurais dû être à la place du chauffeur, ce n'est pas Jamie qui aurait dû mourir, c'est moi. » Ma grand-mère pose une main sur son cœur et je ne peux m'empêcher de laisser les larmes couler sur mes joues, j'ai ce poids sur la conscience depuis quinze jours et il est plus qu'horrible. J'aurais dû être à sa place, c'est moi qui devrais être dans un cercueil, six pieds sous terre à l'heure qu'il est. Le visage pâle, ma grand-mère se lève et ouvre la fenêtre pour faire entrer un peu d'air, pour retrouver une certaine contenance. « Ne dit pas ça, ça ne le ramènera jamais. » Je le sais bien, comment pourrais-je croire le contraire, mais comment vivre avec cette idée qu'il n'est plus là à cause de moi. Que par ma faute, il ne pourra pas construire son existence et faire la fierté de ses parents. « Mais c'est la vérité, je l'ai supplié de prendre ma place par ce que j'avais une migraine et que je ne voulais pas avoir à me concentrer un tant soit peu sur la route, il a été assez gentil pour accepter et regarder ce qui est arrivé. Il est mort par ma faute et je ne pourrais jamais l'oublier. » Les larmes coulent de plus belle et d'un geste rageur, je jette au sol d'un mouvement de bras tout ce qui se trouve sur ma table de nuit, la douleur étant tellement forte. Je suis coupable de la mort du garçon qui faisait battre mon cœur, de celui pour qui j'aurais aimé être plus qu'une amie.

« Alors les enfants, vous êtes prêt pour cette grande journée ? » Ma voix est enthousiaste, comme toujours quand je me retrouve dans ma salle de classe avec des bouts de choux qui n'attendent qu'une chose, apprendre quelque chose de nouveau. Bien entendu, ce n'est pas toujours facile à gérer, mais je ne regrette pas une seule seconde d'avoir pris cette voie, moi la fille unique qui a toujours rêvé d'avoir un petit frère ou une petite sœur. Puis Carolyn est là pour m'épauler, cette fille est une véritable fée. Je regarde les enfants se disperser un peu dans la classe tout en attachant mes cheveux, vaux mieux prévenir que guérir et je sais très bien que je ne vais pas ressortir indemne de cette activité. Aujourd'hui, c'est peinture à la main et surtout, sur une énorme feuille, donc tout le monde va mettre sa petite touche et moi la première pour égayer tout ça. La frénésie est de mise dans la pièce, les tabliers sont mis en place sur les vêtements afin de ne pas s'attirer les foudres des parents et une fois tout le monde armer, je tape dans mes mains pour attirer leur attention. « Alors, je veux que vous choisissiez votre couleur préférée pour commencer et nous allons vous en mettre dans un petit récipient, ensuite vous vous mettrez autour de la feuille, c'est compris ? » Des cris me répondent et je m'approche de ma collègue pour lui donner un petit coup de main, le rouge revient très souvent, c'est une couleur qu'ils adorent tous ou presque. Mais au bout d'un moment, je suis contente de me rendre compte que cette feuille va ressembler à un véritable arc-en-ciel et je suis vraiment pressée de voir ce que cela va donner. À genoux sur le sol, je me laisse aller avec eux à la confection de notre œuvre d'art qui sera très rapidement exposée dans le couloir afin que tout le monde puisse la découvrir. C'est une chose que je fais très souvent, même si cette fois c'est quelque chose de collectif. Je suis en train de mettre un peu de vert sur un coin de la feuille quand j'entends frapper à la porte, je me lève et m'essuie rapidement les mains avant d'ouvrir en faisant attention de ne pas tâcher la poignée. « Mademoiselle Wheelan, monsieur Hollis veut vous voir dans son bureau. » La secrétaire me lance un petit sourire avant de repartir et je lance un regard à Carolyn qui me fait un signe pour que je la suive. Je ne me laisse pas distancer et en cinq minutes je suis dans le bureau du directeur de l'école qui n'est pas seule. Surprise, je mets un sourire de circonstance sur mon visage avant de repousser une mèche de cheveux qui me tombe sur le front, mon état est loin d'être irréprochable. « Excusez-moi de mon état, nous étions en pleine activité peinture. » Je m'installe sur la chaise tout en attendant de savoir ce que je fais ici, après tout, c'est assez rare que je me retrouve dans ce bureau et j'ai l'impression d'avoir à niveau dix ans et je n'aime pas ça. L'homme qui est avec nous m'est inconnu, je ne l'ai jamais vu de ma vie et je ne peux pas m'empêcher de l'observer à la sauvette tout en attendant une explication. « Daisy, je vous présente monsieur Brewer, il est venu dans l'intention d'inscrire son fils dans notre école, si vous êtes ici c'est qu'il y a de très grandes chances pour qu'il se retrouve dans votre classe. » Oh, voilà donc la raison, mais elle n'avait jamais rencontré les parents de ses futurs élèves auparavant sauf quand ils demandaient à la rencontrer après quelques semaines afin de savoir comment se déroulait l'intégration de leur enfant. Puis c'était étonnant qu'il ne soit pas dans la classe de sa collègue, qui avait toujours l'avantage sur elle pour accueillir un nouvel élève. Elle resta silencieuse tout en attendant la suite. « J'avais pensé à le transférer dans la classe de Darla, mais elle a un effectif déjà trop élevé et le fils de monsieur Brewer va avoir besoin de beaucoup d'attention. Il est atteint d'une forme légère d'autisme, donc il demandera un peu plus de soutien de votre part ainsi que de celle de votre assistante, je sais que vous serez à la hauteur, vous êtes une très bonne institutrice. » Je me tourne légèrement vers le père du petit garçon qui attend ma réaction, il semble impatient de me voir dire que je ne suis pas à la hauteur ou quelque chose dans le genre. Mais il ne me connaît pas. « Je vous remercie de votre confiance et je ferais tout mon possible pour l'accueillir du mieux possible dans ma classe, c'est gentil à vous de m'avertir, je pourrais ainsi mettre au courant les enfants afin de leur parler du nouvel élève. J'espère monsieur, que ça ne vous dérange pas que j'essaye de leur expliquer avec quelques mots que votre fils est autiste, vous savez qu'à cet âge-là, la curiosité est à toute épreuve et je ne voudrais pas que mes élèves soient surpris par son comportement. » Il semble assez surpris par ma demande, mais c'est quelque chose de normal, je ne veux pas que quelque chose de désagréable arrive par ce que mes élèves ne seraient pas au courant de la différence de leur nouveau camarade. Un vilain mot est si vite sorti et j'en sais quelque chose moi-même. « Non, vous pouvez leur en parler, je ne veux pas que mon fils souffre encore une fois de l'indifférence de son institutrice. C'est déjà un bon point de votre part, cette initiative. » Sa voix est douce et je suis assez surprise, nous restons discuter encore un petit moment avant que je puisse rejoindre ma classe. Je quitte le bureau tranquillement avant d'entendre des bruits de pas derrière moi, je me retourne et découvre le père de mon futur élève avec un petit sourire sur les lèvres. « Désolée, je voulais savoir si je pourrais passer dans la semaine avec mon fils afin qu'il découvre rapidement sa nouvelle salle de classe et pourquoi pas ses futurs copains, cela lui permettrait d'être plus à l'aise pour le jour de sa rentrée. » Je suis assez surprise, mais me reprends très vite. « C'est une excellente idée, ça ne me dérange pas du tout et comme cela je pourrais aussi faire connaissance avec lui. Il est très important que je discute un peu en sa compagnie ainsi je pourrais en apprendre un peu plus sur ce qu'il aime, je pourrais ainsi mieux centrer mes activités sur des domaines qui retiendront son attention. » Il semble assez content de mes réponses, ce qui est un bon début car je sais que ça ne sera pas facile tous les jours, l'autisme étant une sorte de handicap auquel je ne suis pas réellement habitué. Il me remercie rapidement avant de sourire et de se détourner pour certainement quitter l'école. Je me sens un peu idiote et quand je retrouve ma classe, l'activité est presque fini et je me rince les mains à l'eau avant de m'approcher de Carolyn qui a déjà commencé à ranger le matériel qui n'est plus utilisé. « Tu as de la peinture sur le front, tu devrais aller nettoyer ça avant la récréation. » Je me tourne vers la glace au-dessus du bureau et je soupir, j'ai dû faire une super impression.