PETER PAN COMPLEX
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the silent whispers, silent tears ❞ (moore)

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Cameron J. Moore

« Cameron J. Moore »
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MessageSujet: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptyJeu 14 Fév - 3:08



the silent whispers, silent tears ❞

Laisser le vent les pousser, les guider. Jusque là. Ici, nulle part en somme. Paisiblement, il s'infiltrait dans ses cheveux fins, lui transperçait la peau, lui traversait l'échine à l'image de ces quelques frissons qui parfois la parcouraient. Sensation délicieuse mais terriblement douloureuse, aussi. De celles qui ne faisaient que vous déstabiliser, encore un peu. Troublée par le froid ambiant. Sens littéral comme figuré. Doucement ils marchaient côte à côte, silencieux. Ils l'avaient été durant tout le chemin jusqu'ici. Coeurs glacés au nom des souvenirs bien trop douloureux, de souffrances invisibles, de cris silencieux. Un mois. Un mois, et quelques échanges. Explosifs parfois. Souvent. Huit années les séparaient à présent. Il l'avait laissée là, seule. Au croisement d'une vie qui finalement ne lui avait jamais vraiment appartenu. Les autres décidaient pour elle. Il avait décidé pour elle, d'une certaine manière, et l'avait abandonnée. Sentiment de rejet qui d'une certaine façon ne l'avait jamais quitté, malgré tout. Malgré ses mots, malgré ses promesses, malgré sa sincérité certaine. Que pouvait représenter la vérité de quelques paroles face aux actes ? Il l'aimait. Il l'aimait et disait avoir agi ainsi pour son bien. Son bien ainsi devait-il passer par cette souffrance et cette solitude innommable auxquelles elle avait été en proie durant tout ce temps ? Le meilleur qu'il puisse lui offrir à ce moment là. Le meilleur qu'il pensait lui offrir, détruisant tout sur son passage. De ses rêves à ses envies. Et cette image du frère parfait qu'il avait toujours été jusqu'à ses quatorze ans s'en était aussi allée avec lui, et n'était jamais revenue. Il semblait l'avoir perdue entre les bombes et les balles, entre l'horreur et la mort. qui donc aurait pu le blâmer ? Certainement pas elle. Jamais Cameron ne se serait autorisée à lui reprocher quoi que ce soit, quand bien même cette incompréhension face aux actes de son frère ne soit que grandissante chaque jour un peu plus. Elle voyait ç travers son regard, observait ses yeux. Et plus rien ne restait de l'enfant qui l'avait quittée. Pas cette malice, ni même cet espoir. Flamme animant autrefois son être entier qui semblait s'être éteinte sous les torrents de la réalité. Et la leur n'était que trop difficile à supporter. Le chemin qui les avait mené n'avait été que ligne droite semée d'embûches, d'obstacles. Bien sûr, ils les avaient contournés, et survivaient. Mais semblaient tous deux dans ce combat perpétuel avoir perdu une partie de leur être au front. Guerre perpétuelle contre un destin et une vie qui ne paraissaient pas leur être cléments.

Le regard perdu à l'horizon. Posé sur cette ligne d'infini, mobile immobile. Les vents se déchaînaient contre ce monde parallèle, pourtant lui reprenait toujours sa place, et jamais ne semblait sortir de son lit. Ses habitants en suivaient les courants, en connaissaient les lieux, et jamais ne tentaient d'en sortir. L'image d'une vie entière. Destinée mouvante mais qui pourtant arrivait toujours à l'endroit exact où elle était supposée se trouver. Terrible destinée à laquelle ses victimes jamais ne tentaient d'échapper.
Jamie s'arrêta un instant, les bras croisés sur la poitrine, et enfonça ses deux pieds dans le sable fin. Seul le bruit des vagues rythmait ce moment hors du temps. Seul le bruit des vagues lui indiquait qu'il n'y avait pas de pause, pas de répit. Le temps ne s'arrêterait pas, pas même ici. Fixant le soleil qui bientôt achèverait sa chute, irait éclairer un autre monde. Finalement, elle tourna la tête vers Johann, et attrapa sa main dans la sienne. Contact qui lui valut un lourd pincement au coeur, tandis qu'incertaine, elle caressa le dessus de sa main de son pouce. Il lui manquait. Il lui manquait terriblement. Et ce qu'ils avaient été un jour aussi, lui manquait. Et toutes ces questions qui toujours ne venaient que les séparer un peu plus. Tous ces silences qui un jour finiraient par les perdre. Difficilement, après avoir déglutit bruyamment, Cameron décidé de rompre les incertitudes le regard posé sur son frère. Les mots étaient douloureux, et ne passaient que difficilement la barrière de ses lèvres. Pourtant, impulsive qu'elle était, son discours se fut plus fluide après les quelques premiers mots. « Je me suis toujours demandée... Pourquoi t'es parti Johann ? Pourquoi t'es allé te bousiller le corps et l'esprit alors que j'avais besoin de toi ? J'ai eu peur. J'ai jamais été plus inquiète de ma vie entière. T'étais tout ce que j'avais, et j'ai pas compris. J'avais pas besoin de ce fric, on n'en avait pas besoin. Je croyais que c'était toi l'espoir, c'était toi qui était supposé penser qu'on pouvait s'en sortir sans ça. On s'en serait sorti, je crois. On se serait débrouillés. À deux, au moins. Tu... T'aurais pu jamais revenir. Et maintenant, t'es là sans être là. Je sais pas où t'es passé, et peut-être qu'au fond, j'ai pas envie de savoir pourquoi t'as disparu. Mais je ne peux pas te retrouver si tu l'acceptes pas, tu sais... » Détourner le regard. Vérité bien trop difficile à énoncer. Le dire à haute voix ne faisait que rendre les faits plus réels, et la dureté de ces mots n'était que trop forte. Difficilement, Jamie lâcha la main de son frère, et s'approcha encore un peu plus de l'eau, n'ajoutant rien. Bien vite quelques vagues vinrent lui chatouiller le bout des pieds, doucement. Contact salé supposé être cicatrisant. Ainsi peut-être l'aiderait-il à guérir, lui.
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Johann G. Moore

« Johann G. Moore »
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MessageSujet: Re: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptyJeu 14 Fév - 4:55


the silent whispers, silent tears ❞


(woodkid) ▽ With my tears you washed away the mud stuck on my hands, all the things you're trying to do make me a better man.
C'était nerveux. Serrer la balle anti-stress entre ses doigts, convulsions de ses phalanges sur-tendues. Assis sur le parquet du salon, au pied du canapé, en tailleur. Un coup Johann lançait la balle contre le mur, puis elle rebondissait et lui revenait, et il la rattrapait, les réflexes à vifs. C'était nerveux. Et Joe aurait pu rester longtemps à faire ça. Quand on avait plus mis un pied à l'extérieur depuis un mois et quelques, on faisait avec peu. L'appartement de sa soeur n'était pas très grand. Et il vivait, dormait, n'avait pour lui que le canapé du salon. Le trajet jusqu'au frigidaire n'était pas bien long. C'était un peu triste, mais il ne demandait que ça. Moore n'était plus franchement adapté à la vie.. normale. Il pouvait rester muet pendant des heures, comme ça. Muet pour les autres, mais il se parlait à lui-même parfois. Pour dresser le constat de ses erreurs. Parce que tout ça, au fond, c'était sa faute. Ce ne pouvait être que ça. Il se faisait tout le temps des reproches. Mais il était ainsi. Coincé entre sa conscience, un reproche, un souvenir ou une peur instantanée. Il échouait. Protéger Cameron, s'occuper d'elle ? Tu parles. Maintenant, il était une charge inutile pour elle. Comme toujours. Comme jamais. Il ne sortait plus depuis un mois, de cet appartement, et par procuration du maigre monde qu'il avait réussi à sauver. À construire, à rattraper. Où est-ce qu'ils étaient passés ? Où est-ce qu'ils étaient passés, ce frère et cette soeur soudés à jamais, fidèles l'un à l'autre ? Maintenant il restait seulement l'incompréhension, l'appréhension, parfois les éclats, mais seulement ceux des voix. Un fossé creusé entre eux deux, qu'il aurait fallu remblayer. Une mer séparant les deux continents sur lesquels ils se trouvaient maintenant, un océan à traverser. Une mer.. Johann ne put réprimer un frisson alors qu'il se tassait un peu sur lui, les poings bien enfoncés dans les poches de sa veste. Il claudiquait à côté d'elle, encore moins aisé qu'était la marche dans un sol aussi meuble. Gillian s'était peut-être un peu fait des idées corrompues. Et surtout futiles et bornées. Le monde extérieur n'était peut-être pas aussi dangereux et impossible à affronter que ça. C'était la première fois qu'elle réussissait à le traîner au dehors. Un exploit. Parce qu'il n'avait aucune envie de se retrouver au milieu des autres, de ces gens. Au milieu de la foule, il se sentait encore plus seul. Mais on était en hiver. Et peu de monde traînait sur la plage de Provincetown. N'empêche. Il semblait être un oisillon un peu tombé du nid, ainsi. Constamment ou presque agressé ou en passe de l'être. Il avait surtout la sale habitude de constamment regarder derrière lui. C'était ce genre de vieux tics, rajouté à sa jambe traînante, qui n'arrangeait rien. Mais pourtant, Johann était bien là. Il n'avait rien dit depuis le début, depuis qu'ils étaient sortis. Laisser mener. Quand Jamie s'arrêta, enfin, son grand frère fut presque.. soulagé. Marcher autant, ainsi, aurait dû revenir dans ses habitudes. Mais pour l'instant il n'y était toujours pas. Il la regardait avec son regard qui paraissait toujours un peu usé. Planté à côté d'elle. Son coeur fit un petit bond dans sa cage thoracique en même temps que la main de sa soeur se glissait dans la sienne... Si longtemps. Si longtemps qu'ils n'avaient que si peu de contacts. Loin de cette époque d'avant. Quand il restait avec elle dans son lit jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Le jeune homme déglutit et ses yeux se posèrent sur leurs mains entrelacées avant de revenir se planter dans les pupilles de la jeune femme. Huit ans s'étaient écoulés depuis qu'il l'avait laissée, là. Certes, les permissions existaient. Mais ce n'était pas pareil, vivre ensemble durant des années et ne plus se voir que quelques semaines tous les six ou sept mois.

Les premiers mots l'accrochèrent. Et il se sentit fondre sur place, devenir partie intégrante du sable qui crissait sous ses chaussures, alors qu'ils se succédaient en phrases qui enserraient lentement son coeur perdu et à vif. Et il restait muet. Et il resta muet, la regardant le regard un peu perdu lâcher sa main et se rapprocher des langues d'eau salée. Il lui fallut un instant pour trouver des mots, pour trouver les mots. « Je.. Je faisais ça pour nous. C'était la solution de facilité. Je.. pensais bien faire. » Demi réponse succincte. Il déglutit et se pinça les lèvres. Entendre ce genre de vérités dans la bouche de Cameron, c'était douloureux. Rien que ça. Il se gratta la nuque, un peu penaud, et surtout bien conscient au fond de tout ça. C'était exactement ce qu'ils se reprochait H24. Ou presque, à deux-trois détails près. « Je voulais que tu crois qu'on en avait pas besoin, de ce fric. Mais on en avait plus que besoin, Cam'. Je voulais.. t'éviter d'autres problèmes comme ça. Qu'on finisse à la rue. C'est pas ce que je voulais pour toi, tu sais. » Une suite à ses premiers mots. Explication qui se précisait, lentement mais sûrement. Le point le plus douloureux, pour l'instant, Johann ne l'avait pas encore réellement effleuré. « Excuse-moi si je suis plus le même. J'ai voulu bien faire mais au final je me suis juste retrouvé à pisser le sang dans les bras d'Adriel, et maintenant il me manquerait juste une canne pour qu'on m'appelle Gregory House. Je.. je suis pas parti, Cameron. C'est juste.. faut que je m'adapte, enfin, que je me ré-adapte, à ça, à tout ça, tu sais, la vie normale.. Quand tu risques pas de te bouffer une grenade dans le nez dès que tu fais pas attention. » Doucement, il avait boité jusque vers elle. Tant pis si il trempait ses chaussures, ce genre de chose ne lui importait peu et plus depuis un petit bout de temps. Il se mordilla un instant, la lèvre inférieure, le regard porté sur le sol à ses pieds. Penaud, peiné. ► CAPTAIN CORNFLAKES
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Cameron J. Moore

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MessageSujet: Re: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptyJeu 14 Fév - 12:56



the silent whispers, silent tears ❞

Laisser l'eau venir panser ses blessures, douloureusement. Ultime manière de guérir. Et suite à ses mots, encore s'avança-t-elle un peu sans même prendre la peine de relever son jean. Bientôt les vagues vinrent caresser son genou, lui glaçant le sang, jusqu'aux os. Qu'importe. La douleur s'en irait peut-être avec elle cette fois-ci. Les doutes se noieraient dans le sel, se dissoudraient dans l'eau. Entreprise chimique bien agressive sur les plaies mais pourtant terriblement agréable à l'oreille. De ces sons qui apaisaient, faisaient taire la douleur où la ranimaient. Quitte ou double. Blanc ou noir, tout ou rien. Tout dépendait du moment, de la personne. Et la souffrance que Cameron éprouvait ne faisait pas parti de celles qui brûlaient, non. Elle glaçait, était douce, et s'installait petit à petit, vicieusement. Débutait son sombre chemin de la peau et s'achevait dans un coeur fragile, déjà blessé, l'empêchant peut-être alors de battre correctement, ralentissant le flux sanguin. La vie s'en allait, peu à peu. La vivacité s'en allait. L'espoir et l'innocence aussi. Et se voir mourir à petit feu de la glace n'était que trop douloureux. Pourtant semblait-elle toujours avoir cru qu'elle ne pouvait y remédier ; peut-être au fond espérait-elle que quelqu'un vienne la chercher, et lui redonne cette chaleur qui lui manquait tant. De celles partagées lors d'une étreinte, de celles que le soleil répandait de ses rayons, de celles qu'elle ne connaissait plus. Pourtant, lui se couchant derrière les vagues lui donna un peu de ce qui lui manquait. Un peu d'espoir. Lumière aveuglante que pouvait représenter cette boule de feu pour laquelle elle ne représentait rien, mais qui semblait pourtant tant la réconforter. Contraste frappant et terriblement déstabilisant qu'il pouvait être face à l'eau salée qui toujours caressait ses jambes immobiles.

Les mots pourtant vinrent la sortir de ses pensées, doucement, mais douloureux encore une fois. Ecouter ne semblait pas être plus facile que parler pour elle. Ecouter, oui, et surtout entendre ces vérités qu'elle aurait peut-être préféré ne pas connaître, comprendre ces paroles en lesquelles elle avait du mal à croire. Parce qu'elle aurait voulu plus. Elle l'aurait voulu lui, surtout, égoïste qu'elle était. Pourtant l'émotion dans les mots de Johann ne fit que la troubler, encore un peu plus. Trouver de l'incertitude dans celui qui toujours avait été son pillier, et le représentait encore. Les fondations ne tenaient pas sans lui. Les fondations ne tenaient plus, et semblaient s'être écroulées depuis huit ans déjà. Ainsi son coeur se retrouvait à vif, sans sécurité, sans logis. Terriblement vulnérable, à l'image de la jeune femme qu'elle était. Frêle. Et seule, malgré tout. Malgré cette famille qu'il lui restait, c'était à présent à son tour de veiller sur lui et non le contraire. Comment la tendance avait-elle pu s'inverser ? Comment l'espoir avait-il pu devenir désespoir ? Comment son frère avait-il pu devenir un fantôme prisonnier de ses souvenirs ? Doutes, questions. Les choses demeureraient toujours obscures pour elles, sans réponses. Et les maigres justifications de son frère ne lui suffiraient pas, quand bien même elles soient sincères. Avare qu'elle était, avare de tendresse, d'attention, et d'amour. Tant de chose qui lui avaient manquées et qu'elle avait naïvement pensé retrouver au retour de son frère. Douce illusion dans laquelle elle s'était bercée huit ans durant, rêve irréalisable et souhait utopique qu'avaient pu être ces espoirs. Retrouver la personne qu'elle avait aimée depuis sa plus tendre enfance auprès d'elle, inchangée. Cependant tous deux avaient évolués, et il s'agissait à présent d'une des choses qui ne faisaient que les séparer davantage.
Encore des mots. Encore plus difficile à avaler, cette fois-ci. Irrépressible frisson qui lui parcourut le corps entier tandis que lui lui répondait. Elle n'osa se retourner, bien trop affaiblie par cette réalité qu'elle n'aurait au fond préféré ne pas nommer. Ils n'étaient rien et n'avaient jamais rien eu. Enfants de rien, de personne. Tout juste des bâtards à peine intégrable dans la société actuelle. Au fond il avait eu raison d'agir ainsi, elle le savait. Et ce n'était pas contre lui qu'elle en avait mais contre ce monde entier, ventre bien trop gourmand de biens matériels et qui jamais ne semblait être satisfait de ce qu'on pouvait bien lui offrir. Malgré l'argent, les efforts surhumains, la peine et la souffrance. Voir ainsi le matérialisme achever les plus vulnérables, leur asséner le coup fatal qui les sortirait définitivement du système. Ils y avaient échappé de peu, avait frôlé ce gouffre de trop près pour rester ignorants de ces risques. La marginalisation n'était devenue que trop complexe et trop difficile à envisager. Rester dans les rangs, quitte à faire parti des ombres, des inexistants, de ceux qui n'importaient pas. Les questions ne s'arrêtaient pas qu'à eux deux, non. Mais à tellement plus en réalité. Pourtant, au fond, la seule chose ayant encore un sens pour Jamie était l'amour qu'elle portait toujours à sa seule famille. Alors, doucement, elle finit par se retourner à moitié, posant son regard sur Gillian. « Je sais... Je sais que t'as eu raison mais... J'peux pas penser comme toi. J'y arrive pas. Je crois que j'aurais préféré me retrouver à la rue avec toi. Mais je comprends. Enfin, j'essaie. » Une légère grimace, spontanéité lui étant propre, qui bien vite fut accompagnée d'un soupir plus lourd, plus significatif. Et déjà elle se retournait, se baissant quelque peu pour finalement laisser sa main droite se plonger dans la mer. Et Cameron l'écouta, encore. Toujours à demi équilibrée sur ses deux pieds, troublée de temps à autres par une vague qui toujours un peu plus continuait son chemin sur ses jambes. Puis, avant qu'il n'achève son discours, elle revint à ses côtés sur le sable dur, lui adressant un léger sourire timide. Elle devait le protéger. Le protéger de ses souvenirs, de ces restes de vie qu'il tentait peut-être de surmonter, le protéger de lui-même aussi. Finalement, une dernière fois elle vint glisser sa main dans l'eau gelée et se retourna face à Johann, plongeant son regard dans le sien comme pour appuyer sur ses mots. « T'es quand même plus beau que lui. Et moins cynique, aussi. Enfin... ça reste à voir. Mais j'ai pas envie d'avoir House chez moi... Chez nous. Je veux Johann. Je te veux toi. » Encore un léger sourire. Et, naturellement elle vint se serrer contre lui, glissant ses deux bras autour de son cou tendrement en glissant son nez dans ses cheveux. Première étreinte qu'ils échangeaient depuis son retour. Premier moment d'insouciance, première pause. Et premier espoir ; celui de le retrouver. Alors, doucement Jamie vint embrasser sa tempe, chuchotant ensuite sur un ton rassurant. « Il t'arrivera rien. Plus jamais. La seule chose que tu risques de te prendre dans le nez si tu fais pas attention c'est un lampadaire, une porte, ou une boîte aux lettres. Rien de plus. La seule chose que tu pourrais encore craindre c'est... Je sais pas trop moi... Une main glacée qui te glisse sur la nuque peut-être ? » Etouffer un léger rire amusé tandis qu'elle joignait le geste à la parole, passant sa main encore humide dans le cou de son frère, le regard empli de malice. Dédramatiser, et respirer. Retrouver un semblant de complicité qui leur avait appartenu un jour. Dédramatiser, oui. Et vivre un peu.
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Johann G. Moore

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MessageSujet: Re: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptyVen 15 Fév - 5:16


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(woodkid) ▽ With my tears you washed away the mud stuck on my hands, all the things you're trying to do make me a better man.
Il n'avait pas fait grand-chose. Rien d'autres que de fuir, fuir la réalité, fuir la fatalité de ce monde. Et n'être que lâche, et rien de plus, rien de moins. Parce qu'il voulait plus. Tellement plus. Plus pour elle, plus pour eux, plus pour leurs lendemains hasardeux. Et tout cela avait mené à quoi ? Rien. Néant. C'était là-bas qu'ils s'étaient perdus, séparés dans le labyrinthe de la vie. Les chemins et les cloisons, les intersections et les itinéraires ne cessaient de se mouver, de changer, et de les égarer encore un peu plus à chaque instant. Ils s'étaient éloignés. Perdus de vue et pourtant si proches. C'était un mur entre eux deux, une vitre de verre par balles. Il fallait juste un moyen de contourner. Se retrouver tous les deux alors ainsi du même côté. Le bon, comme le mauvais. La rue, pour eux deux ? Jamais il n'avait pu s'y résoudre, se résigner à ce destin. Pour devenir quoi, au bout du compte ? Crever durant un hiver trop froid, sur un bout de trottoir ou dans une ruelle sombre ? Se droguer ? Johann avait déjà fui ce genre d'idéaux en se désolidarisant de la petite bande de gamins dont il faisait partie intégrante, durant son enfance. Parce qu'il attendait plus de la vie. Plus que d'être voué au fatalisme. Avant, il avait été le porteur d'espoir familial. Celui qui passait derrière les autres pour réparer les pots cassés et laisser une plus ou moins bonne figure. Quand il était gamin, il voulait être un héros. La justice, les méchants, les gentils, tout ça, il l'avait compris, ce n'étaient que des affabulations. Des conneries. Il fallait nuancer le propos. Il n'y avait aucune justice réelle dans ce monde, autre que celle qu'on se faisait soi-même. Si il y avait eu un tant soit peu de justice, ici bas, lui et sa soeur n'en seraient pas là. Gillian et Jamie ne seraient pas tombés aussi bas à force de traîner leur fardeau quotidien. Au moins essayait-elle de comprendre, alors. Et tant mieux. Pour tout ça, tout ce qui s'était passé avant, et puis après, et puis maintenant. Il comprenait les souvenirs douloureux si récents dans les yeux d'Adriel. Il arrivait à les partager et à panser un petit peu la blessure, parfois, avec Dylan. À croire que les gosses de la bande avaient été destinés à ça; s'engager, se blesser, et voir leurs espoirs et leurs avenirs s'écraser au sol après une longue chute libre. Johann regardait. Johann la regardait. Effleurer la mer avant qu'elle ne l'effleure. La mer.. Elle pouvait sembler maîtresse d'une nature, sensibilité à fleur de peau pour certains. Et seulement le fracas et les échos, les naufrages et les raz de marées. Coincé entre ces sentiments contradictoires et ses sentiments emmêlés, Gillian parlait peu. Comme toujours depuis ce qu'il lui était arrivé. « Je suis personne d'autres, Cam'. Faudra me montrer celui qui peut me faire devenir un autre, que je ris un peu. » Un maigre sourire. Un maigre sourire qui s'illumina un peu tandis qu'elle venait tendrement enrouler ses bras autour de son cou. Des mois. Oui, cela faisait des mois qu'ils n'avaient plus eu un tel contact. Depuis cette faille qui s'était matérialisée entre leurs deux personnes, depuis cette fracture dans leurs liens, depuis que quelque chose s'était brisé, malgré tout, en l'aîné des Moore. Il manqua un peu de trébucher, instable sur le sable avec sa jambe à la traîne, mais se rattrapa avant même que cela n'arrive. Elle venait déposer un baiser sur sa tempe. Rôles inversés. Comme lui le faisait, avant, quand il la couchait. Il n'était qu'un gamin qui s'occupait d'une autre gosse. Ils n'avaient rien, mais ils avaient tout. Ils s'avaient eux. Ne la quittant pas des yeux, il ne put qu'esquisser un sourire plus franc encore à l'entente de ses paroles. La menace n'était plus vraiment la même ici que là-bas, c'était certain, dans ce cas. Son rire étouffé n'empêcha pas que son coeur fasse un bond. Il avait donc fallu qu'il sorte enfin de l'appartement pour qu'ils se retrouvent réellem.. Un frisson compulsif le traversa. Des paroles, et des actes. Il n'avait pas pu s'empêcher d'un peu rentrer le cou, se reculant spontanément. Chose qu'il regretta. Alors, c'était ça ? Il avait peur de quelque chose qu'il savait être inoffensif ? Il était devenu aussi lâche que ça, aussi froussard qu'un gamin ? Il déglutit, se mordilla la lèvre inférieure, et baissa un instant les yeux avant de pouvoir ré-affronter le regard de Cameron. « Désolé.. Je.. Réflexe. En effet, je vais devoir faire attention aux mains glacées qui pourraient me glisser sur la nuque.. » Une tentative. Un petit sourire. Et il prétendait être le même.. Du bout du pied, il remuait un peu de sable. Il avait baissé le nez. Désolé. Désolé de se rendre compte de certaines vérités. Il disait ça, qu'il n'avait qu'à se ré-adapter. Il faudrait juste lui expliquer. Lui expliquer comment on faisait; comment on faisait pour arrêter de prendre la moindre information en alerte, comment on faisait pour arrêter de regarder aussi souvent derrière soi, comment on faisait pour réagir un peu moins spontanément face à cette constante impression d'être agressé. Par les sons, par les images, par les panneaux d'alerte qui clignotaient dans son crâne dès que quelque chose le prenait par surprise. Il poussa un soupir, se passant une de ses mains sur le visage. Il était constamment en éveil, constamment à l'affût. Et puis, comment est-ce qu'on était censé oublier, arrêter de penser d'une telle façon, se ré-adapter, quand les séquelles, vous le saviez, vous pourriraient la vie jusqu'au bout ? Ils avaient bien travaillé, et il avait eu énormément de chance car il aurait pu aisément y passer vu qu'une des artères principales avaient alors été touchée, mais il restait les marques, les cicatrices, ineffaçables. Ce n'était pas comme si c'était dû à un je-ne-sais-quoi psychosomatique. Un blocage stupide et psychologique. Non. C'était son corps, ses os, ses chairs, ses veines, ses muscles. Et on ne pouvait plus rien, mais absolument plus rien y faire. C'était peut-être ça, ce qui marquait le plus le cap qui avait été passé. Il était le même, le même qu'avant. Il le jurait, et il l'était. Il était le même Johann, mais avec des cicatrices en plus, des blessures à soigner, des traumatismes à endiguer et des séquelles à combler. Et c'était ça, c'était tout ça, son image déchue et son impossibilité à faire face, qu'il avait du mal à accepter, à même avouer. ► CAPTAIN CORNFLAKES
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Dernière édition par Johann G. Moore le Ven 8 Mar - 22:17, édité 1 fois
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Cameron J. Moore

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MessageSujet: Re: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptyVen 15 Fév - 6:47



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Quelques restes. Quelques restes seulement, puisque le roc s'écaillait et perdait de sa force chaque jour un peu plus. Par érosion, corrosion, qu'importe. À force d'usure, d'irritation peut-être. À force de supporter un poids trop lourd pour lui. Ils s'effilochaient au fil du temps, perdaient toujours un peu plus d'eux même à mesure que les années passaient. Et c'était cette même réalité qui toujours leur revenait en pleine figure, détruisant sur son passage les parties les plus faibles, en proie aux attaques de ce monde entier qui toujours un peu plus semblait les pousser au bord de la rupture, du gouffre, portant tout de même une attention particulière à ce que jamais ils ne s'en aillent. La marginalisation totale ne leur allait pas, et ne leur irait jamais. Eux ne voulaient pas d'elle. Par peur. Peur de l'inconnu, des incertitudes, des doutes et d'un chemin bien trop sinueux et glissant pour être emprunté. Effrayés de ce qu'on considérait comme un échec et non un choix. Coincés entre deux mondes, rejetés dans l'un et bienvenus dans l'autre. La tentation était grande pour Cameron, pourtant jamais elle n'avait réussi à franchir le pas. Plonger la tête la première, s'illusionnant peut-être sur ce qu'elle pensait être l'ultime recours au bonheur. Partir sac sur le dos, sans un sous. Faire la manche. Qu'importe. Cela ne l'aurait pas détruite. Elle était plus forte que cela, avec lui.Invincible à ses côtés. Et quand bien même le malheur aurait pu leur tomber dessus, au moins, ils auraient été ensemble. Utopie à laquelle elle aurait pensé pouvoir survivre naïvement, étant pourtant foncièrement consciente que cette situation peut-être n'aurait été que plus délicate encore. Elle ne nourrissait pas beaucoup d'espoir, ne possédait pas beaucoup de rêve si ce n'était ceux d'avoir Johann à ses côtés. Maigre satisfaction qu'avait pu être son retour. Elle aurait voulu rattraper ce qui leur avait manqué : du temps. Profiter de lui tant qu'il était encore là, profiter de lui tant qu'il ne partait pas. Pourtant au fond il n'était jamais revenu de là bas. Jamie pouvait observer de là où elle était ces fantômes qui souvent le hantaient, ces reliques de vies qui lui avaient appartenu, flamme qui aujourd'hui le détruisait plus qu'elle ne le faisait vivre. Tâche ô combien difficile que pouvait être celle de le voir sombrer sans qu'elle ne paraisse être en mesure de l'aider. Le sauver alors qu'elle même toujours un peu plus s'enlisait dans ses propres souvenirs, coulait sous le poids de la tristesse et des sanglots et suffoquait sous la culpabilité. Les choses ne seraient jamais simples pour les Moore. Les vents se déchaîneraient toujours sur leur petite embarcation, les vagues avaleraient toujours tout ce qui leur appartenait. Il n'était que simples spectateurs du désastre de leurs vies, trop peu déterminés à agir enfin. Trop fatigués, aussi, d'avoir eu à se battre déjà des années durant. Ainsi aucun répit ne leur serait-il accordé ? Jamais une pause ne leur serait donnée ?

Instant d'infini. Et même encore parmi ce goût d'éternité la déception et la réalité pointaient le bout de leurs nez. Trop spontanée. Trop impulsive. Traits de caractère qui lui appartenaient et qu'elle ne maîtrisait que trop peu. Ainsi se retrouva-t-elle à parler sans réfléchir, reflet de vérités qu'une personne bien élevée n'aurait jamais énoncée à voix haute. Les tabous n'existaient pas. Les non-dits ne naissaient pas, et surtout pas entre eux. Alors elle laissa son regard posé sur lui. Et lui débita de nouveau de ces choses dont elle n'aurait peut-être pas du parler. « Si je te dis que l'armée t'a changé, ça te fait rire peut-être ? Moi j'suis au max niveau humour là. T'as raison. T'es peut-être toujours toi, mais t'es plus le même. Et j'suis pas en train de dire que c'est pas normal. Je suis pas heureuse. T'es qu'une surface, tu me parles pas. Tu crois vraiment que je vais te faire du mal, moi ? Tu crois qu'il peut t'arriver quelque chose ? Même si je le voulais, tu pourrais me défigurer avant que je n'ai eu le temps ne serait-ce que de lever la main sur toi. Mais j'te ferais jamais de mal. Jamais. T'es tout ce que j'ai. Je te demande pas de revenir, je sais que ce n'est pas possible. Je suis consciente de ce que t'as du endurer. Mais si tu ne te laisses pas un peu faire, tu ne pourras jamais cicatriser. Cicatriser, pas guérir. Je suis utopiste mais pas folle. » Couteaux tranchants qu'elle se glissait elle-même dans la gorge jusqu'au coeur sans même s'en rendre compte. Déglutissant difficilement, Jamie ravala sa fierté, ses lames et ses larmes. Devenir son bourreau alors qu'elle devait l'aider. Triste rôle qu'elle s'accordait seule, triste fin qu'elle ne voulait pour rien au monde. Pourtant la cadette des Moore ressentait ce besoin irrépressible d'extérioriser tout ce qu'elle avait pu ressentir huit années durant. Et la haine était probablement ce qu'elle avait le plus côtoyé aux côtés de la peine. Tout n'était donc que feu et eau. Terriblement opposés. Terriblement complémentaires.

Une étreinte pourtant. Se rendant compte de ses paroles, de ses mots. Un moyen de se faire pardonner peut-être. Vainement. Il la rejeta. Telle une vulgaire inconnue, tel le vulgaire étranger qu'il était pour elle à présent. Détournant cette fois-ci le regard en secouant la tête de gauche à droite, réprimant quelques larmes, Cameron dut se retenir, encore. Enfonçant ses pieds dans le sable, se renfrognant un peu. Elle attendit ses mots, qui ne tardèrent pas. Sans même le regarder, elle le vit ce sourire désolé. Elle ne le connaissait que trop bien pour savoir quel genre de réactions viendraient à la suite de ce malentendu. Quelques secondes, peut-être même minutes, et un silence pesant. Le temps qu'elle se calme. Essuyant l'unique larme qui avait roulé sur ses joues d'un revers de la main, Moore vint se poster derrière son frère. « Tu me fais confiance Johann, pas vrai ? » Alors, se rapprochant un peu plus de lui, elle vint poser son menton sur son épaule et glissa ses deux mains sur ses yeux, doucement. Tendresse nouvelle dont elle ne faisait preuve qu'à ses côtés. Personne qu'elle redécouvrait toujours un peu plus. Et, d'une voix calme bien que parfois secouée de quelques sanglots, elle reprit lentement. « Qu'est-ce que t'entends ? Moi tout ce que j'entends, ce sont les vagues. C'est apaisant, tu trouves pas ? C'est calme, et ça permet de réfléchir. J'aimais bien venir ici pendant ton absence. Ca me permettait de... me vider, un peu. Pendant que t'étais à des milliers de kilomètres. Et je ne me suis jamais sentie plus en sécurité qu'ici, quand t'étais pas là. Alors tu es en sécurité ici. C'est mon monde. C'est le notre. Tu es avec moi maintenant. Et je t'aime. Ecoute bien. Il y a le vent qui caresse tes joues. Il peut-être agressif lui parfois, mais le seul risque que tu as c'est d'attraper une vilaine grippe. Comme le commun des mortels, comme le reste du monde. Mais on s'en fout du reste. C'est juste toi, et moi. Les vagues et le vent. Et la confiance. La sûreté. Plus rien ne t'arrivera. Tu es parti de là-bas Johann. Tu n'y retourneras pas. Jamais. » Déposer un baiser sur son épaule, tandis que doucement elle retirait ses mains de ses yeux avant de venir passer ses bras autour de sa taille, fermant doucement les paupières. Elle se battrait. Contre lui, pour lui. Pour elle. Pour eux.
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Johann G. Moore

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MessageSujet: Re: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptySam 16 Fév - 0:13


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(woodkid) ▽ With my tears you washed away the mud stuck on my hands, all the things you're trying to do make me a better man.
Il ne lui apparaissait qu'une vérité enchaînée à ses mots. Il avait semé la discorde et une constante ligne de doute en eux, entre eux. Comment ? Il n'aurait jamais osé toucher à elle. Lever la main sur elle. Mais c'était la transparence de la vérité, cristal brisé qui s'incrustait dans ses chairs, dans sa peau, dans son coeur. C'était sa crainte, ce qu'il n'aurait jamais voulu, mais la peur qu'elle venait à demi-mots de formuler. Il fallait juste.. encaisser. Prendre le choc à bras le corps, se taire sur ses mots. Il était fautif, fautif de tous ces malheurs qui s'abattaient sur eux. Il aurait pu rester. Ou pas. Johann doutait, ne sachant même plus si alors il avait emprunté la bonne voie. Une chose était certaine. Oui. Elle le disait, il faudrait qu'il arrête aussi encore un peu de le nier. Il n'était plus le même. N'agissait plus de la même façon, ne réagissait plus de la même façon. Un étranger dans son propre corps. À la croisée des mondes. Gillian la rejetait. Gillian rejetait sa soeur comme une inconnue pour une simple peur qui envenimait son sang et battait dans ses veines. Vaine. Qu'est-ce qu'il y avait encore à croire ? Non. Il n'était plus le même. Il n'aurait jamais pu faire cela avant. Prendre peur pour un rien. Et pourtant, c'était ce qu'il venait de faire, en un instant. Un poison distillé dans chacun de ses mouvements, chacun de ses ressentiments. Il la heurtait. Il la heurtait, il la blessait, quand il se jurait de ne jamais en être capable, de ne jamais pouvoir en arriver jusque là. Johann blessait sa soeur, de l'intérieur. Tout autant qu'il se heurtait lui aussi, à se découvrir ainsi. Faire couler des larmes pour mieux se mêler aux eaux salées. Le sel empêchait les plaies de cicatriser, gangrenait les failles et les fissures, rongeait les chairs échouées. Impossibilité, oui, de cicatriser alors. Il se rongeait déjà, de l'intérieur. C'était sa faute. Exclusivement la sienne. Comme toujours, il l'aurait juré. Il releva lentement le nez vers elle. Les yeux embués. Qu'est-ce qu'il était devenu, un inadapté, sur-tendu, survolté, inconnu au monde réel et ses bataillons de vies banales ? « Je.. bien sûr que je te fais confiance.. Excuse-moi.. Je suis désolé Cam'.. » Rapprochement. De sa part. À elle. Parce que lui était figé. Impossible de bouger quand on s'était pris dans les sables mouvants de la honte et des souvenirs écorchés. Doucement, la sentir venir caler le bas de son visage sur son épaule. Un premier frisson. Suivit d'un deuxième, alors que l'obscurité se faisait. Retenir une impulsion, la transformer en un tremblement compulsif. Ne pas la rejeter. Ne pas rejeter tout ce qui lui faisait peur. Même si son coeur avait fait un bond et menaçait de courir le sprint. Même si ses muscles s'étaient tendus, même si ses muscles s'étaient crispés, réflexe presque animal qui s'était inscrit en lui et dans son crâne. Même si sa respiration s'était accéléré, sensiblement, en un instant. Il ne lui restait que sa voix à laquelle s'accrocher, sa voix entrecoupée de sanglots étouffés. Il frissonnait en constance. Des vérités énoncées. Qu'il aurait aimé pouvoir se les approprier, en faire ses propres vérités. Mais son oreille entendait autrement, même si il cherchait au fond de lui la force d'y croire. Parfois, il avait l'impression, que dès qu'il fermait les paupières, il prenait le risque. Il prenait un risque. L'impression nette, ancrée perfidement en lui, que dès qu'il fermait les yeux, le monde pourrait partir. S'évanouir, ne pas prendre le temps de l'attendre. Le laisser sur le bord de la route. Ce n'était pas parce qu'il n'en saisissait parfois plus exactement le sens que chacune de ses actions n'en avait pas. Il fallait croire. Il lui fallait croire. Croire qu'il y avait bien un monde autre que celui qu'il gardait dans son esprit, dans son crâne. Une autre image, un autre souvenir, un autre univers que celui qu'il pouvait se représenter. Que celui qu'il avait fui ces derniers temps. Elle vint déposer un baiser sur son épaule, dégageant ses yeux de leurs caches. Mais il garda les paupières fermées. Se forcer, alors qu'il la sentait contre lui. Au moins, une réalité tangible à laquelle se raccrocher. Il y eut un moment de silence. Sans pour autant qu'il ne rouvre encore les yeux. Johann déglutit. L'aîné des Moore, alors, même si sa voix s'était enrouée, arriva à une réponse. Faits apposés. « .. Quand on était petit.. Quand on était que des gamins, parfois, je t'emmenais sur la plage quand je savais que papa ne se réveillerait pas avant quelques heures. Et j'entendais les vagues, comme tu les décris. C'était bien, c'était notre monde un peu aussi. J'essaye d'entendre le ressac comme avant. Mais j'ai du mal. J'ai du mal à ne pas associer le vent qu'il y a maintenant.. au vent constant, de là-bas, aussi. T'en as presque l'impression que tu sèches sur place, parfois, que tu te momifies, avec le sable en plus. » Première fois qu'il parlait de ça. Qu'il en parlait, de là-bas. Réellement. Qu'il le faisait de lui-même. Il marqua une courte pause, se mordit la lèvre inférieure. Il gardait, encore, les paupières closes. « Plus rien ne m'arrivera.. Peut-être qu'en substance, j'y retournerai jamais. Mais suffit que j'y pense. Suffit que j'en parle. Suffit que je me vois marcher.. Et j'y suis à nouveau un peu. Mais juste un peu. » Il rouvrit, lentement, enfin, les yeux. Le regard se perdant sur les horizons lointains, dans le vide des lendemains. Il n'y aurait pas pensé, avant. Trop jeune, trop con. Trop, tout bonnement. Johann posa doucement ses mains par-dessus celles de sa petite soeur. Il était bien là. Bien ici, en cet instant. Elle était réelle, il était réel. Le clapotis des eaux glacées était réel. Le crissement du sable sous ses pieds était réel. Le vent qui lui mordait la peau était réel. Il fallait qu'il apprenne à distinguer. Qu'il arrête de se construire cette illusion constante dans laquelle il cherchait refuge mais pourtant ne l'aidait pas, ne faisait alors que l'enfoncer. Il déglutit, prit une inspiration. Encore. « Faut juste que je m'accroche. Et faut arrêter de me laisser faire, aussi, peut-être. Faut que vous me tiriez de là. Toi, Adriel.. »

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Cameron J. Moore

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MessageSujet: Re: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptyDim 17 Fév - 9:27



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Les mots n'étaient que trop durs, trop rudes. Trop difficiles à entendre mais plus encore à dire. Les énoncer les rendait réels, vérité indéniable cette fois-ci, inévitable. De celles qui détruisaient bien plus qu'elles ne construisaient. Elles détruisaient un homme, détruisaient un corps, détruisaient un coeur. Et le monde entier s'écroulait, doucement, dans un bruit fracassant. Ce monde de tendres illusions dans lesquelles ils s'étaient tous deux bercés peu à peu se réduisait à cendres et fumée. Simple brasier animé qui bientôt cesserait sa destruction dans le silence. Naître dans un bruit épouvantable pour mourir discrètement. Instant d'acceptation, de constat. Et ils ne parlaient plus. Les regards fixés l'un dans l'autre. La douleur se répandait, peu à peu, vicieusement dans leurs veines, tension palpable mais qui pourtant ne fut pas brisée un seul instant. Johann ne contesta pas, alors. Il se contenta de rester muet. Sorte d'acquiescement. Il ne bataillait plus, avait baissé les armes. Enfin. Le combat jamais ne s'était achevé pour lui jusque là. Toujours au front, perpétuelle guerre qu'ils vivaient tous deux depuis leur tendre enfance. Ainsi le destin avait-il peut-être fini par l'envoyer en ces lieux d'horreur pensant le délivrer. Le remettre dans un environnement qui lui correspondait. Se battre, encore, toujours. Ils n'avaient été habitués qu'à cela. Montrer les griffes et les crocs pour sauvegarder sa propre vie. Montrer les griffes et les crocs au risque de blesser ses semblables. Aujourd'hui seule la vie même les agressait, seule la réalité était meurtrière. Et c'est encore contre elle qu'ils se battaient côte à côte, ensemble. Tentant vainement de lacérer le coeur même de leurs vies en cet instant. La réalité oui. Ô doucereuse torture qu'elle pouvait être, ô doucereux goût amer et ferreux qui toujours revenait en bouche suite à ces combats. Jamais ils ne gagneraient. Toujours happés en ces bras sombres et inquiétants. Toujours mis à mort par quelques détails, aussi infime soient-ils. Et le sang perlait à l'intérieur de leur être, et le sang naissait de leurs entrailles pour finalement venir leur rappeler que jamais ils ne gagneraient. La vérité faisait parti de ces coups parfois fatals qui ne faisaient que rouvrir les plaies. Alors ils se perdaient. Désorientés par ces blessures. Cameron combattait la réalité parce qu'elle était bien trop difficile. Bien trop cruelle. Elle se créait de ces paradis artificiels pour vivre, survivre. Quitte à crever. Quitte à crever, autant vivre. Espérer quelques instants seulement que le lendemain serait meilleur, que les couleurs n'étaient pas encore ternies par le passé et le présent, que le soleil un jour se lèverait sur cette mer pour eux. Mais toujours il leur échappait. Le soleil se couchait à leur arrivée. Le soleil s'en irait toujours lorsqu'il s'agissait d'eux. Même la lumière les fuyait, l'espoir les fuyait. Au fond, peut-être les Moore l'avaient-ils abandonné depuis bien longtemps cet espoir. Et rien, jamais ne serait coloré. Rien n'était coloré dans la nuit. Rien n'était clair dans l'obscurité. Flou éternel qui leur était propre. Et cette terrible impression d'être spectateur d'une vie qui nous échappait. Leurs vies leur échappaient. Parce qu'ils avaient grandi. Et que jamais, au grand jamais ils n'avaient été réellement enfants. Cette flamme d'insouciance jamais ne s'était créée au fond de leurs regards. Cette flamme de malice jamais ne les avait animée. Demeurait alors comme seule vie dans ces abysses qui menaient droit au coeur la peine et la douleur, qui bien souvent se caractérisaient par cet éclat fragile. Celui qui naissait au coin des yeux lorsque les larmes s'apprêtaient et revêtaient leurs habits de lumière dans l'ombre.

Venir le rechercher. Tenter un instant de rattraper tout ce qu'ils avaient abandonné depuis longtemps. Un peu d'amour. Un peu d'espoir. Un peu de bonheur. Ce n'est que trop spontanément peut-être qu'elle glissa ces mots doucement, au creux de son oreille. Ils n'étaient pas que fatalité, non. Quelque part parfois un peu de lumière leur était offert et éclairait leurs regards rarement moins assombris. Lorsqu'ils étaient ensemble. Seuls ils n'étaient rien. Pourtant Gillian semblait avoir cet effet bénéfique sur sa petite soeur ; celui de lui faire croire une ultime fois que tout était possible pour eux. Sans un mot, sans un seul son quand bien même lui ne puisse plus y croire. Rien que son corps, rien que son coeur qui doucement battait tout près du sien lui donnait l'impression que là bas, quelque part, quelqu'un les attendait. Alors elle se battait encore un peu, pour lui. Puisait ses forces dans ces quelques contacts timides, trouvait ses armes dans ses propres mots. Et susurrait implicitement à son frère de partir au combat avec elle. Une dernière fois. Juste une. Jusqu'à ce qu'enfin ils trouvent un semblant d'équilibre. Tâche ô combien difficile puisque déjà Johann tremblotait compulsivement sous le coup de l'incertitude. Il n'était que trop faible. Et sous cette réaction à laquelle Cameron s'était quelque peu attendue, elle vint se resserrer encore un peu contre lui, ne lui découvrant pourtant toujours pas les yeux tandis qu'elle énonçait encore son discours.

Achevant ses mots elle resta cependant contre lui, glissant ses bras autour de sa taille. Et lui garda les yeux clos, à sa plus grande surprise. Et lui entama un discours qui lui valut quelques frissons, longs et déchirants. Chaque mot n'était que trop douloureux, trop vrai, et surtout inédit. Jamais ils n'en étaient venus à parler de telles choses. Jamais elle n'avait réussi à lui soutirer de telles informations. Elle souffrait avec lui, dans un battement de coeur qu'ils partageaient, dans un souffle saccadé, dans une étreinte bien peu compensatrice face à de telles souffrances. Celles de souvenirs qu'elle connaissait mêlées à d'autres qui ne lui appartenaient pas mais qui pourtant la détruisaient tout autant. Elle l'écouta, silencieuse, tandis que quelques images encore défilaient devant ses yeux. Imagination et réalité, un peu des deux. Son récit n'était que peur précis. Pourtant elle fit le reste, de ce qu'elle avait observé parfois à la télévision, quand bien même les images ne soient que bien trop éloignées de la réalité. Et lorsqu'il eut achevé ses mots et rouvrit les yeux, elle marqua une pause, déglutissant discrètement. Avant d'encore rebondir sur ce qu'il venait de lui dire. « Le vent soufflera toujours un peu, alors, où que tu sois, où que tu ailles. Mais il ne souffle pas pour toi. Il ne souffle pas sur toi, il ne te cherche pas. La seule image qu'il te reste encore c'est celle que tu t'imposes inconsciemment. Parce que tu reconnais ces choses. Pourtant elles sont différentes. Le vent n'est pas agressif, ici. Il est doux. Et teinté d'une odeur de mer, pas de sable. C'est bien la mer qui l'emporte. Ca sent la fraîcheur, et pas le soleil tapant. Est-ce que j'étais avec toi là-bas ? Non. Non j'y étais pas. Alors non tu n'y retournes pas. Tu n'y es pas, même en en parlant. Tu es avec moi. Et c'est tout ce qui compte. » Et une dernière fois elle glissa son regard sur son visage avant de poser ses yeux sur l'horizon. Ligne d'infini derrière laquelle doucement le roi soleil achevait sa chute. Dans la même direction que ceux de son frère. Doucement elle passa ses mains au dessus des siennes, croisa ses doigts au siens d'une force tendre, se serrant encore un peu plus contre lui. Pourtant cet instant ne dura pas longtemps. Quelques secondes, tout au plus. Déjà Gillian rouvrit la bouche, énonçant quelques mots qui lui valurent un léger pincement au coeur. Possessive qu'elle était. Jalouse, qu'elle était. Et déjà cette peur intense qu'était celle qui l'avait toujours guettée repris sa place initiale en elle. Que Johann lui échappe. Qu'il s'en aille de ses bras, trouve son bonheur ailleurs. Auprès d'Adriel. Jamais elle ne ferait équipe avec lui, jamais elle ne se résignerait à l'apprécier quand bien même cela soit pour le bonheur de son frère. Elle avait peur qu'il prenne la fuite, était terrifiée à l'idée de se retrouver une fois de plus seule. Lui avait trouvé du réconfort auprès de cet homme qu'elle ne connaissait que très peu pendant ses années passées à l'armée. Elle n'avait été que trop peu souvent accompagnée, rongée par la solitude et cette application étrange qu'elle avait de toujours penser que sans son aîné jamais elle ne parviendrait à s'en sortir. Sans lui jamais elle ne parviendrait à être heureuse. Ainsi cette jalousie maladive prenait tout son sens lorsque les idées de la jeune femme s'éclaircissaient un peu. Pourtant elle ne répliqua pas, ne fit rien de ce nom qui jamais n'aurait du se glisser dans ces quelques mots. Et elle lui répondit, doucement, lui murmurant au creux de l'oreille. « Je te tirerai de là. Je te le promets. T'es tout ce qui compte pour moi, et jamais je ne t'abandonnerai. » Un léger sourire pourtant parvint à se glisser sur son visage tandis que toujours son regard se perdait au loin. Relation bien trop intense qu'elle partageait avec lui. Liens du sang qui jamais ne remplaceraient pour elle celui d'un amour de quelque nature soit-il. Bien triste constat qu'elle ne put faire que silencieusement, prenant son mal en patience. Inspirant profondément une dernière fois, humant les doux parfums de la côte. Aspirant une dernière fois à cette douce fraîcheur.
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Johann G. Moore

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MessageSujet: Re: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptyLun 18 Fév - 4:18


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(woodkid) ▽ With my tears you washed away the mud stuck on my hands, all the things you're trying to do make me a better man.
Il y avait de ces instants qui restaient parfois et si souvent gravés dans les mémoires des hommes les ayant vécus. Des souvenirs qui avaient brûlaient notre esprit au fer brûlant, marque indélébile. Son enfance était de ceux là. De ces souvenirs qui ne pouvaient et ne pourraient jamais être effacés. Impossible en cela. Il y avait des moments, des instants. Comme ceux que Johann évoquait doucement. Quand un peu d'innocence était leur. Quand il se permettait aussi à lui, en venant, enfant, avec elle sur la plage, se dédouaner des malheurs qui ne semblaient s'abattre que sur un certain type de personnes; eux. Paupières closes pour mieux jeter un regard d'ampleur sur ce passé tourmenté. Ces instants écorchés. Pour mieux l'entendre, se convaincre toujours un peu plus. Qu'il devait la croire, qu'il devait y croire. C'était pas faux, c'était bien vrai. Il confondait tout ce qui se ressemblait, amalgamait stupidement les mémoires et les sentiments. À l'écoute de Cameron, qui était serrée tout contre son être tremblant comme si elle cherchait à endiguer ces spasmes, elle tenta de sentir, ressentir. Comme avant, comment c'était, avant. Dans un autre temps, un temps où il ne connaissait qu'ici, il ne connaissait que maintenant. Pas de "là-bas" destructeur qui restait accroché aux lèvres et aux coeurs, pas de "avant" souffreteux. Quand peut-être, la douleur était présente, vicieuse compagne quotidienne, mais qu'on s'en accommodait comme on le pouvait, qu'on l'affrontait dans ce combat inégal s'étirant de jours en jours. Aujourd'hui les zones de bataille n'étaient que changeantes, bipolaire duel. Et finalement, trop armé et trop entraîné à un combat en rapproché, mains nues et force brute des intérêts déterminés, savoir simplement repousser en constance l'ennemi était in-envisageable. Quand Gillian se battait, il avait bien assimilé le but. Aucune retraite n'était digne d'être acceptée. C'était à mort qu'il fallait lancer les coups d'épées, mordre la poussière comme faire plier l'ennemi. Elle avait raison, comme trop souvent, comme toujours. Et cela ne faisait qu'une chose de plus à se reprocher à rajouter à la liste déjà infinie et indéfinie. Rouvrir les yeux, reposer le regard autre part que sur le noir de ses mémoires. À l'horizon qui flamboyait du coucher de ce soleil brûlant et pourtant si froid, hivernal. Ils vivaient dans ces moments fugaces, les aubes et les couchers, quand la lumière ne brûlait plus leur peau et que la nuit n'avait pas encore une nouvelle fois repris ses droits sur ce monde. Il était là, bien ici, avec elle. Jamie avait raison. C'était tout ce qui comptait en cet instant. Tout ce dont il devait et aurait dû se soucier, préoccupation primordiale. Il ne nécessitait qu'une maigre aide, un rappel à l'ordre des soumissions de son esprit. Comme il le lui fit remarquer en réponse, aussi. Il n'avait plus grand-chose, pas grand-monde, pour l'épauler dans ce genre de situation, pouvoir faire face à ça dignement et dans une totale compréhension. Elle, Cameron. Dylan. Et puis Adriel. Adriel, son supérieur. Adriel, son ami..

► FLASHBACK.

« J'vais.. j'veux pas crever, Capitaine.. J'veux pas crever, Adriel.. J'veux pas crev'.. » Sa voix se perdit, l'oeil fiévreux de l'animal blessé étant le sien. Et il pâlissait, ne cessait encore et encore de perdre de ses couleurs, n'ayant que le visage de Stevenson et sa voix à laquelle se raccrocher. Il fallait endiguer l’hémorragie, juste le temps qu'on puisse le transférer. Le transférer et lui sauver la vie. Une grenade, sa jambe, et l'explosion. Johann raccrocha fébrilement ses doigts crispés à l'épaule d'Adriel. Aucune comparaison de grade ou de rang. On comprenait ce qui pouvait autant unir les soldats. Unis dans un seul but, dans un seul bourbier, dans une seule et même souffrance universelle. Ancestrale et fédératrice des douleurs les plus vécues et les plus incomprises du quidam de ce monde. Il parlait d'un homme, à un autre. En toute conscience et vérité, sans barrage possible. « Tire-moi de ça, tire-moi de là. J'veux pas crever. Pas maintenant... J'ai ma soeur.. J'peux pas.. » Faire ça. La laisser ainsi, sans lui, sans rien, sans personne. Définitivement abandonnée.

► FIN DU FLASHBACK.

Il ne pouvait pas, il n'avait jamais pu, et il ne pourrait jamais. Abandonner, l'abandonner, complètement et définitivement, sans solution et sans position. Il aimait trop sa petite soeur. Il tenait trop à elle, à eux. Tellement qu'il avait en profondeur dérangé leur équilibre précaire en tentant de leur apporter une voie de sortie, de prendre l'issue de secours. « Moi non plus. Je vais essayer.. On va essayer. Et on va y arriver, hein? On va reprendre la vie, comme avant. Comme ce qu'on était avant. Je vais me tirer de tout ça. Je vais le faire. Pour toi. Avec toi. » Il jouait à un jeu bien connu de l'espèce humaine. Tenter de se convaincre en même temps qu'on tentait la même chose avec les autres. Il fallait qu'il se convainque, lui-même, de toutes ces possibilités, du lendemain meilleur, comme au bon vieux temps. Quand il était une boule d'énergie dévouée à ces espoirs un peu fous parfois. Quand il n'était qu'un gamin un peu trop mâture, mais quand même.. Un gosse. Innocent, et, au fond, un brin naïf de toujours croire aux jours meilleurs qui finiraient bien par pointer le bout de leur nez. L'espoir ne suffisait pas à résoudre chaque problème existant, l'espoir n'était pas tout dans ce monde où rien n'était plus gratuit autre que la souffrance et la violence. C'était un simple moteur, mais un puissant moteur. Car quand il y avait de l'espoir, il y avait de la vie. Point charnière de toute l'histoire. Il fallait qu'il revienne à la vie réelle, à la vie commune des gens normaux de ce monde plus ou moins apaisé, mais pour cela, il lui fallait de l'espoir. Et pour atteindre cet espoir qui parfois semblait le déserter, et même plus que parfois aurait-on dû dire, il fallait de la vie, de la vie qui battrait dans ses veines, distillée dans son sang, composant à part entière de son hémoglobine. C'était un cercle vicieux, alors. Bien dur de s'insérer dedans quand on en avait été rejeté, oui, bien dur de se ré-insérer dans un milieu dans laquelle on naissait et puis que l'on reniait. Doucement, il resserra son étreinte sur sa soeur. Il pouvait lui donner, encore un peu, lui rendre ce qu'elle lui offrait, aussi. Il y avait encore un peu de tout cela en eux et en lui. Il était le grand frère. Il n'aurait pas dû avoir ce rôle, cette place, ce sentiment d'échec qui lui picotait la peau quand il jetait un coup d'oeil à ce qu'il était devenu, ce dans quoi il avait pu entraîner la cadette des Moore. « Il faut que tu me ré-apprennes ça. Tout ça, tu sais. À être celui que j'étais avant de signer. Avant d'y aller.. Quand on était avec papa. » Il déglutit, et reculant un le visage, il tenta de trouver les yeux de sa soeur, les croiser aux siens. Une époque révolue, un monde passé. Quand ils n'avaient peut-être rien. Mais qu'ils avaient quand même tout. Toujours, cette opposition des faits qui s'annulaient et s'équivalaient. Richesse au propre et au figuré. ► CAPTAIN CORNFLAKES
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Cameron J. Moore

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MessageSujet: Re: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptyLun 4 Mar - 4:53



the silent whispers, silent tears ❞

Doucereuse torture, ô tendre torture. Le passé n'était fait que de cela. La morsure lancinante des souvenirs, de leurs dents acérés, aiguisées du présent. Avarice de la souffrance qui toujours souhaitait avoir plus d'impact. Ainsi le passé se retrouvait-il niché derrière quelques mots lancés dans le vide, maintenant, aujourd'hui. Le passé devenait présent et le présent passé. Et ces esprits qui lentement s'entremêlaient, s'entrechoquaient pour ne former plus qu'une seule et unique forme indescriptible. Résultat d'années de mélanges, d'années de doutes. Le temps pourtant semblait ne pas passer. Certains, comme eux encore se leurrait dans ce dont ils se souvenaient, se laissaient aller à l'étreinte mortelle du bonheur d'antan. La confusion n'était que trop grande, et l'avait toujours été. Comment l'Homme pouvait il se construire en vivant dans le passé ? Comment pouvait-il devenir sans se baser sur ce qu'il avait vécu ? L'un contredisait l'autre, et pourtant, seuls les plus adroits démêlaient l'important du futile. Seuls les plus forts ne craquait pas sous le lourds poids de l'enfance, quand bien même celle ci fut parfois bien difficile. La leur l'avait été, et en réalité, ni l'un ni l'autre n'avait été longtemps enfant - peut-être d'ailleurs était-ce la cause de la confusion même. Écrasés bien trop vite par l'assistance qu'ils devaient apporter à leur père, engloutis par ce monde gourmand de faits divers. Jamais Cameron n'avait rêvé de devenir une princesse, ou bien une fée. Les contes leurs étaient inconnus, à l'époque, et ne les auraient intéressé que très peu. Trop utopiques, les idées espérant que tout finirait bien ne collaient pas avec leur histoire. Rien ne concordait avec eux, d'ailleurs. Rien n'allait. Puisque l'espoir les avait abandonné, puisque la vie les avait abandonné et que la mort ne voulait pas d'eux. Sélections naturelles desquelles toujours ils en ressortaient seuls, ensemble. Il aurait pu décéder là bas. Elle aurait pu mourir ici. Pourtant il n'en avait rien été, et, à défaut de disparaître physiquement ils l'avaient fait, mentalement. Simples fantômes errants dans une vie bien trop grande pour eux, traversants les murs sans jamais emprunter ces portes qui parfois s'entrouvraient sur leurs passages. Invisibles aux yeux du monde, mais pourtant toujours capables de repérer leurs semblables. Triste constat, pas moins réel. Pourtant leur porte à eux serait toujours ouverte à l'autre, elle se trouvait là, juste là. Dans un regard, dans quelques prunelles reflétant les maux du cœur, entre quelques lèvres gercées abîmées par le froid, ranimant le mensonge réconfortant. Leur cœur se trouvait là. En ces gestes et attentions qu'ils avaient en quelque sorte respectivement prohibé ces derniers temps. Et ils se l'ouvraient, l'un à l'autre. Redécouvrant les faiblesses et les douleurs. Revivant les souvenirs et la souffrance des ces choses qui jamais n'avaient été dites. Et c'est ainsi qu'ils se retrouvaient, un peu. Ultime réconfort de leurs quelques mots. Ils étaient encore là, au fond. Ils s'appartenaient toujours et se connaissaient comme au premier jour. Ils n'étaient pas les mêmes, mais, après toutes ces années passées éloignés et ces quelques mois à se chercher, ils se trouvaient. Difficilement, douloureusement. De ces adjectifs qui eux les avaient toujours caractérisés. Ils n'étaient pas nombreux. Et souvent fatalistes.

Le regard posé sur un instant d'infini. La nuit bientôt les enserrerait de ses bras sombres dans une étreinte obscure, puisque bientôt le soleil laissait place au noir. Le ciel violacé pourtant avait encore ces airs doux, protecteurs et bienveillants, mêlés à la fraîcheur, sensation de recommencement. De départ. Le leur, peut-être. Un nouveau jour naissant dans la nuit. Une nouvelle lumière se bâtissant dans l'obscurité. De ces certitudes se construisant sur le flou, installations précaires mais terriblement excitantes. Un souffle de vent et leur édifice s'écroulerait. Pourtant il s'agissait bien à ce moment précis d'une choses qu'ils n'étaient en mesure d'imaginer, l'un comme l'autre. Avant que son frère ne reprenne la parole d'ailleurs, Cameron ferma les yeux, inspirant profondément l'air marin. Reprendre son souffle après une course effrénée, ces mots qu'elle lui avait débité naturellement, lentement. Pourtant l'effort était démesuré. Elle n'était qu'image. Cependant seuls les liens du sang semblaient deviner autre chose en elle, seul Gillian observait quelqu'un d'autre. Celle qu'il connaissait, et non celle qu'il redécouvrait et voyait. Celle en laquelle il croyait.
Rouvrant finalement les paupières, elle écouta ses mots, les décortiqua méticuleusement. Gratter le superficiel pour obtenir l'intéressant. Il espérait, oui, un peu. Mais sa question pourtant demeurait tellement plus importante que le reste. Comme s'il avait besoin d'elle pour y croire. Comme s'il n'était pas sûr de lui. Il espérait, certes. Mais ne se l'avouait pas, parce que cela était douloureux. Comprendre enfin que nous attendions quelques choses de la vie, de quelqu'un. Qu'elle nous repêche peut-être en ces eaux troubles, qu'elle nous ramène à la société. Moore n'était pas de ceux-là. Elle n'attendait rien de personne. Les déceptions n'en avaient été que trop fréquentes, les faux-espoirs trop réguliers. Et pourtant. Et pourtant son amour inconditionnel pour son frère la ramenait à cette innocence qu'elle avait toujours partagée avec lui. Cette jeune fille qui sommeillait en elle. Vulnérable, certes. Mais toujours emplie d'espoir. De ces battements de cœur chaleureux et non pas programmés, de ce souffle frais, de ces yeux malicieux et brillants d'audace. Dans ses bras, dans son monde à lui, contre sa poitrine, contre le moteur de sa personne et ses espérances. En lui, même. Il suffisait de quelques mots pour qu'elle puise la force nécessaire pour acheminer quelques mots, réconfortants. Peut-être teinté d'une pointe d'hypocrisie, mais qu'importe. Même si le pessimisme toujours l'emporterait sur cela, une infime partie d'elle subsistait à ses côtés. Une partie d'espoir. « Bien sûr. Bien sûr qu'on va y arriver, que tu vas y arriver. T'es la personne la plus forte que je connaisse. Mais s'il te plaît, Johann, fais moi plaisir. Fais le pour toi. C'est la seule et unique personne qui compte, maintenant. Toi. » Un léger sourire. Oui, c'était tout ce qui comptait. Tout ce qui comptait, pour elle. S'il était heureux elle le serait, et secrètement, c'est ce qu'elle espérait. Qu'il retrouve le bonheur pour qu'elle puisse l'attraper elle aussi, étant incapable de le chercher directement. Cameron n'avait plus assez de force pour cela, depuis bien longtemps d'ailleurs, et pensait que peut-être Gillian pourrait faire le travail à sa place. Elle avait abandonné, avait baissé les armes n'étant que trop peu violente et forte pour mener ses objectifs à bien. Pourtant, gardant un ton rassurant, elle ajouta ensuite pour se conforter dans ses mensonges. « J'ai grandi. Je n'ai plus à être un poids mort, je peux me gérer maintenant. Crois-moi, pense à toi. Et ne te tracasse pas de ce que je pourrais devenir, je le fais déjà bien assez seule. » Leurres. Elle ne se souciait en réalité que très peu du lendemain et moins encore de ce qu'elle pourrait devenir ; cela n'avait pas d'importance. Après avoir déduit suite à de nombreux échecs que ce monde n'était pas le sien elle avait décidé d'y errer sans aucun but précis. Peut-être en retrouverait-elle un avec son grand frère. Peut-être était-il la résolution de toutes ces énigmes, de ces comment, ces pourquoi qui avaient toujours rythmé son quotidien depuis qu'il s'en était allé. Mais surtout, de ce quand. À quand le bonheur ? À quand le devenir ? À quand l'amour ? Questions d'une naïveté certaine reflétant pourtant des faits tellement plus sombres. Formuler et utiliser l'innocence afin de se conforter dans le fait que rien n'était important, alors que les réels doutes l'étaient pourtant tellement.

Ainsi alors se retrouva-t-elle à serrer encore un peu plus les doigts de Johann entre les siens. Manière peut-être de toujours lui rappeler qu'elle était là, qu'elle ne partirait pas, et ne le laisserait pas partir. Et ses mots encore lui valurent un frisson, tandis que lorsqu'il eut achevé ses paroles il glissa son regard dans le sien d'une aisance déconcertante. Un instant Cameron détourna le regard, une fraction de seconde, tout au plus. Avant de venir le rechercher lui. Avant d'enfin lui répondre quelques mots légèrement teintés d'espoir. Très légèrement seulement. « T'as pas besoin de redevenir celui que tu étais avant de signer. Il faut juste que tu apprennes à être celui que tu es, maintenant. Que tu apprennes à oublier l'homme qui était là-bas. Simplement ça. Je ne te demande pas de revenir à ce temps là. Je te demande d'être là aujourd'hui. Il faut que tu t'extirpes mentalement de ce monde que tu as déjà quitté. » Les prunelles plongées dans les siennes. Un nouveau frisson, tandis que, se détournant doucement elle vint lui faire face, rattrapant ses mains dans les siennes. Et des yeux qui finalement prirent la fuite. Et un ultime mot murmuré à mi-voix, à peine audible, caché par le souffle du vent. « Reviens... »
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Johann G. Moore

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MessageSujet: Re: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptySam 9 Mar - 7:28


the silent whispers, silent tears ❞


(woodkid) ▽ With my tears you washed away the mud stuck on my hands, all the things you're trying to do make me a better man.
Courir. Ils couraient innocemment à leur perte. Il courrait. Courir. Pour mieux fuir, la douleur comme la vérité. Un pied devant l'autre, toujours plus vite, encore et toujours plus vite, plus rapide. Courir. L'activité la plus difficile au monde pour un homme tel que lui. Pour un être comme Johann. On lui avait spolié son droit de courir devant la masse de tous ses regrets. Il avait traversé les âges, avait grandi sans jamais regarder derrière lui. Mais depuis qu'il était revenu, si cela n'avait certes pas changé le moins du monde, Johann regardait devant lui. Et ne voyait que cela. Ce monstre qui se nourrissait de ses peurs et de ses échecs à répétition. Il s'en voulait plus qu'il n'aurait dû. Ce n'était pas lui qui leur avait infligé cette vie dès le départ. Ce n'était pas lui qui pendant des années avait été amorphe dans le canapé, le regard triste et vide, puant l'alcool à plein nez. Rien n'était de sa faute, au fond. Tout était de sa faute, dans son crâne. Il avait échoué. Il en prenait exactement toute l'ampleur dans la face en ces instants fatidiques. Elle lui réclamait de se battre pour lui-même. Elle avait grandi en huit années, huit années à se forger seule puisqu'il l'avait laissée ici. Elle lui demandait quelque chose de si simple, et pourtant de si dur, de si compliqué à faire. Accepter, s'accepter. Comment ? Comment faire tout cela, quand chaque matin la seule force qui lui enserrait le coeur était celle des souvenirs et bien trop souvent des regrets qui lacéraient comme milles et milles lames de rasoirs circulant dans ses veines, l'abîmant de l'intérieur. Courir. Le vent fouettait son visage, le sel et le sable, micro-particules, lui donnait envie de pleurer. Si au moins avait-on pu appeler cela courir. Traîner la patte à grande vitesse, ridicule. C'était tout ce à quoi il avait été réduit en l'espace de quelques secondes. C'était tout ce à quoi il avait été réduit avec une seule explosion. Johann n'avait pas articulé une seule réponse à sa soeur, tandis que ses paroles avaient coulé sur lui, s'étaient instillées en lui. Jusqu'au plus profond de son âme. Aucune réponse verbale, quelques mots des yeux, douloureux. Jusqu'à cela. Jusqu'à cette dernière vérité, jusqu'à cette dernière demande. Formulée d'un seul mot, composée d'un seul verbe, celui qui symbolisait de tous le plus le résumé de tout ce qu'il fallait qu'il fasse, de tout ce qu'il aurait dû faire. Revenir. Ne pas oublier une partie de lui-même, là-bas. Pourtant c'était bien ce qu'il avait fait. Il n'était plus complet, au sens propre comme au figuré. Un jouet brisé, une pièce manquante impossible à retrouver. Le mécanisme était usé, enrayé. Il ne manquait qu'une misérable pièce, peut-être même qu'un simple écrou, pour réparer le jouet. Alors, même si il semblait abîmé, au moins aurait-il de nouveau fonctionné. Courir. Il y avait eu un instant de silence, un instant durant lequel il avait semblé qu'il perçoive le monde jusqu'à ne plus quoi savoir de tous ces détails qui l'assaillaient, l'attaquaient, l'agressaient. Un instant de silence durant lequel il s'était perdu dans les yeux de Cameron, un instant durant lequel il y avait eu un grand silence même dans son crâne, sur les plages et les côtes déchiquetées de son esprit. Un instant avant la chute, avant qu'il n'y ait ce tremblement de terre impossible à quantifier dans sa force et dans son absolu, en lui. Bien en lui. Pour ébranler chacune de ses bases, pour mettre à plat chacun de ses piliers. Revenir. Courir. Alors il avait doucement dégagé sa main de celle de sa soeur. Doucement, il fit un premier pas, puis un second, et un troisième, le regard sur l'horizon, dans le lointain de cette nuit qui les enserrait doucement dans ses bras noirâtres qui happaient la lumière. Un calme impromptu, serein. Encore un pas. Encore un autre. Lentement, il s'était mis à forcir la marche. Et alors, d'un coup, se mit-il à fuir. À courir. Simulacre de ce qu'il avait été avant, du garçon qui venait courir sur la plage, seul, pour pouvoir laisser exploser et sortir de lui toute la rage de vivre qui l'habitait.

Son imitation de course s'épuisa. Il ralentit, bientôt s'arrêtant au milieu de la plage. Il avait mis une longue distance entre lui et sa soeur. Comme si inconsciemment il avait cherché à matérialiser ce qu'ils étaient devenus. Deux étrangers, qui se cherchaient, mais avaient encore tant et tant de chemin à parcourir pour se rencontrer, se trouver, se retrouver. Johann avait envie de s'écrouler ici, s'asseoir dans le sable, et ne plus bouger. Et à vrai dire, ses désirs se prirent pour des réalités, mais en moins poétique. Sa jambe réparée le lâcha. C'était un risque, le risque quand on maltraitait ainsi si spontanément une membre qui avait pris pour son grade. Et l'aîné des Moore se retrouva ainsi au sol sans plus avoir eu de demande pour cela. Gillian ferma les yeux alors qu'un tremblement compulsif secouait son corps. Allongé sur le dos, du sable dans les cheveux, il resta ainsi un instant avant de rouvrir les yeux. Pointés vers les cieux qui s'obscurcissaient. Alors le flot vint, les paroles se firent entendre. Il sembla qu'il criait avec calme pourtant toute la douleur de son être. Oui, il semblait calme, presque vidé, au sol. Mais il bouillonnait, et cette rage incontrôlable transparaissait dans ses mots et sa voix. Il s'adressait à Cameron, même si elle était à des dizaines de mètres de là sans doute. « Que je fasse ça pour moi. Putain, Cameron ! Si il n'y avait eu que moi, j'aurais peut-être et sûrement déjà franchi le pas et fait une bonne grosse connerie.. Je sais même pas ce qui était le plus dur. Des années sur le terrain, ou ces quelques mois en hôpital militaire, tu vois ? Je sais pas qui je suis, et j'ai pas envie de savoir... Tu sais ce qui était le pire, presque ? C'était de voir à quel point on était faible. De jour, on était quasiment tous là avec nos airs de combattants, à se serrer les coudes souvent, tu sais, comme les soldats qu'on était, mais la nuit, on était tous tout seul. Parfois, on se croyait dans un film d'horreur, tant y'en avait qui gueulaient et hurlaient en pleine nuit. Je sais pas ce qui me foutait le plus la trouille; ça, ou mes propres souvenirs, mais j'ai été sous somnifère pendant un temps, je ressemblais à un zombie tant j'arrivais pas à dormir avec tout ça. » Un discours décousu, des paroles qui ne se raccrochaient parfois même pas. La plus simple et minimaliste des représentations de son esprit chaotique. Il parlait, il criait sa pensée, ce qui l'habitait de jour comme de nuit. Il était rentré depuis plusieurs semaines, mais ne lui avait jamais rien dit de tel. Ce contact là n'avait plus existé entre eux deux jusqu'à ce jour. Il ruminait en général de son côté, bien trop souvent seul, parfois pouvait-il partager avec Adriel ou Dylan... Mais il gardait avec lui, contre lui, les démons noirs et gluants pour ne pas les répandre. Ce soir-là, il ouvrait la cage aux fauves. Il laissait la boîte de Pandore déverser tous ses maux au sol. ► CAPTAIN CORNFLAKES
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Cameron J. Moore

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MessageSujet: Re: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptyJeu 14 Mar - 4:24



the silent whispers, silent tears ❞

Les douleurs avaient été muettes. Silencieuses. De ces choses qui se terraient et s'enterraient mais qui pourtant toujours un peu plus ranimaient l'être de sa souffrance. Les souvenirs n'étaient que du vent qui leur filait entre les doigts, leur échappaient tandis qu'ils rallumaient ces brasiers qu'ils étaient. Terriblement lancinante, terriblement troublante. Elle se glissait dans leurs veines, s'infiltrait dans leurs pensées, vulnérables qu'ils étaient. Humains qu'ils étaient, simplement. Vivant d'air et d'oxygène, ils s'alimentaient de ce qui les tuaient. Paradoxalement. Inexplicablement leur destin semblait déjà être tracé, vulgaire ligne droit, simple route menant à ce vide qu'ils côtoyaient déjà de si près pourtant. Sans fond, sans fin. Chute d'une vie entière du haut de ce qu'ils avaient cru pouvoir obtenir, un jour. Le retour à la réalité n'en avait été que trop difficile et trop rude. Lorsque les rêves s'en étaient allés et les espoirs se cachaient, encore. Derrière un regard tendre, une prunelle brillante et quelques mots illusoires. De ce qu'il s'évertuait à se donner respectivement. De ce qu'ils possédaient encore, inconsciemment. Ils se donnaient tout et le chemin ne semblait être qu'un simple cercle infini, quand l'un donnait l'autre renvoyait. Effrayés par le vide, par tout ce qu'ils pourraient perdre en s'illusionnant dans de telles paroles tellement réconfortantes. Alors la vérité finissait par l'emporter. Ils ne se promettaient pas de réussir, simplement d'essayer. Puisque tel était le prix à payer pour ne pas qu'ils se perdent. Puisque tel était le prix à payer pour qu'ils se retrouvent. Essayer alors que la force n'était pour eux à présent qu'un mythe, essayé alors que cette gravité les retenait encore et toujours face contre terre. Mordre la poussière et s'étouffer. Ainsi le résultat reviendrait toujours au même, quoi qu'ils fassent. Ils finiraient par crever, alors.

La douleur s'était faite muette, oui. S'était cachée. Pourtant sous cette tension palpable, l'un finirait par craquer. Et le premier fut Johann. Elle avait détourné le regard. Et, brusquement, elle sentit qu'il lui échappait. Pourtant au départ elle ne bougea pas. Pas un instant, ne le regarda pas. Cameron se contenta de se mordre la lèvre, ne réprimant cette fois-ci plus ses larmes qui bien vite se frayèrent un chemin sur son doux visage. Naissantes de ses yeux elles sillonnèrent ses joues, pourtant bien vite effacées par le souffle du vent. Incapable de bouger. La respiration haletante. Elle ne savait que trop bien ce que cela signifiait. Leur coeur implosait, explosait, qu'importe, la saturation était la même. Hurler au monde qu'ils existaient. Hurler au monde qu'ils étaient là et qu'ils ne leur appartenaient pas. Hurler, hurler, jusqu'à s'épuiser. Dernière chose qu'ils possédaient encore. Leur voix. Trop peu de fois peut-être il s'étaient plaints, trop peu de fois ils avaient haussé le ton. La parole n'était pas accordée aux moins que rien. La parole ne leur appartenait pas, puisque de leur statut d'ombres ils étaient bâillonnés. Les fantômes ne parlaient pas. Ils se contentaient d'errer sans but si ce n'était celui de faire le deuil de la personne qu'ils avaient été, un jour. Les fantômes ne demandaient d'aide à personne. Les fantômes n'existaient pas.
Tournant la tête, un peu. Juste assez pour l'apercevoir lui, entamer ce chemin que peut-être il n'avait jamais emprunté. S'éloigner de ses dires pour la rédemption. C'est ainsi qu'elle l'interpréta, maladroitement. Et devant cette image elle ne put que s'abattre encore un peu plus, glissant sa main sur ses lèvres, étouffant quelques sanglots bruyants. Une course contre cette vie qu'ils n'avaient pas menée, contre ces personnes qu'ils n'avaient pas été. Une course pour peut-être rattraper se soleil qui déjà s'était couché, et le faire leur. Garder cette putain de lumière une bonne fois pour toute. Qu'elle leur appartienne, que quelqu'un brille pour eux, juste pour eux ne serait-ce qu'un seul instant. Que de la nuit ils sortent, d'entre les ombres ils émergent. De ces redécouvertes qui embaumaient le cœur lorsqu'elles étaient réussies. De ces espoirs devenant leurres, de ces choses dans lesquelles ils se berçaient toujours puisque la vie était ainsi. Leurs ambitions n'étaient que bien maigres mais pourtant inaccessibles pour des gens tels qu'eux. Rattraper le soleil. Être éclaire. Pour qu'on les voit. Juste pour qu'on les voit, et qu'on les observe. Que la peine devienne vérité et que les douleurs choquent. Que leurs vies deviennent un combat de plusieurs. Qu'ils existent, et que la société se rende compte que leurs enfants n'allaient pas biens. Ils n'étaient que deux souffreteux parmi des milliers d'autres, et leur vie n'était peut-être pas des plus difficiles. Pourtant elle méritait d'être vue. Et ils méritaient qu'on s'occupe deux. Leur patrie s'était bien occupée d'eux lorsqu'ils avaient eu besoin de leur service. Et maintenant, maintenant que tout était détruit, et que la guerre continuait, ils étaient les seuls à aller au front. Jamie vivait cette guerre avec son frère, puisque ce combat, c'était le leur. Celui d'une vie qui ne leur avait pas appartenu et qui toujours un peu plus grignotait leurs cœurs et leurs âmes.
Et la cadette des Moore regarda son frère s'en allait. Se battre contre lui-même, tandis qu'elle, terrassée sentait le sang couler entre ses lèvres. La pression était trop forte, trop importante, la réalité trop dure, et le silence trop peu convaincant. Le regard posé sur lui, le suivant jusqu'à ce qu'il s'arrête. Loin d'elle. Terriblement loin, trop loin. Il ne se battait pas pour la retrouver elle, en cet instant. Il se battait pour se retrouver lui. Ainsi elle le laissa seul, quelques instants. Puis finit par s'approcher d'un pas hésitant, les bras croisés sur sa poitrine, sur ses poumons qui chaque seconde un peu plus menaçaient de lui échapper. Elle s'avança oui, un peu. Et s'arrêta, l'écoutant encore lui lorsqu'il reprit la parole. De ces coups de massue qui vous abattaient. Difficilement Cameron parvint à rester stable sur ses deux jambes. La rage bouillonnait en elle, cette fois-ci. Elle lui en voulait d'une certaine manière, de parvenir à la faire culpabiliser ainsi. Mais il n'était pas le fautif. Il ne l'était pas, non. Pourtant déjà cette chaleur intense qui pouvait être traduite par de la haine s'abattit sur son corps entier. De ces sentiments incontrôlables, de ces sensations déroutantes tant par leur intensité que par leur simple venue. Elle était en colère, terriblement. Et le mot était faible, trop faible. Inspirant et expirant profondément. Elle parcourut les derniers mètres qui les séparaient tandis qu'il achevait ses mots et se laissa tomber à ses côtés, sur les genoux, toujours secouée de violents sanglots. Et violemment elle enfonça son poing dans le sable. Extérioriser alors, puisque le moment était venu. Faire taire cette rage pourtant bien présente, l'apaiser par une autre douleur peut-être plus grande encore. Les larmes toujours roulaient sur ses joues. Pourtant elle posa son regard noir sur son frère, articulant difficilement d'un ton agressif. « Tu veux le faire pour qui alors putain Johann ?! Pour qui ?! On n'a personne, on n'est personne, rien d'autres que deux putains de ratés qui sont pas foutus de se tenir la tête haute deux secondes parce qu'on a décidé à leur place de ce qu'ils deviendraient. On veut pas de nous, quand est-ce que tu le comprendras ?! C'est bien beau d'espérer, t'as déjà vu une once de lumière dans tout ce qu'on a vécu ? Tu t'es déjà réveillé pour quelque chose le matin ? T'as déjà été heureux de vivre ? Putain mais merde, t'es pas seul ! T'es pas seul ! C'est pareil, c'est l'identique. Tu parles de là-bas, je sais que c'était dur, j'en doute pas. Mais tu crois qu'en foyer la vie était facile peut-eêtre ?! J'étais seule putain, j'étais toute seule, j'étais paumée, et j'avais juste besoin d'un grand frère, de quelqu'un pour être là, pour m'expliquer. M'expliquer pourquoi on voulait pas de moi, pourquoi on voulait pas de nous. Je parlais pas, putain. Y'avait des gamins dont les parents étaient morts, décédés, des fillettes de quatre ans violées, des hyper-violents, y'avait tout. Et cette putain d'organisation est censée te tirer vers le haut ? Et t'es censé être heureux là dedans ? À part la peine et l'horreur j'ai jamais rien connu non plus Johann. Je dormais pas non plus, j'étais effrayée, j'avais la trouille. J'étais jeune mais pas conne. Je savais pertinemment que tu reviendrais peut-être pas. Je savais que c'était dur, et le pire, ouais le pire c'est que j'ai passé ces cinq années à culpabiliser. Parce que c'était de ma faute, si j'avais pas été là, t'aurais pas eu à partir, t'aurais eu personne à nourrir ni à aider, t'aurais pas eu à connaître ça ni à risquer ta vie... » Finalement, elle marqua une pause, essuyant d'un revers de la main ses larmes tandis que doucement elle se relevait à ses côtés, le regard toujours posé sur lui. « Si j'avais pas été là, t'aurais sûrement vécu mieux. J'ai volé, j'ai détruit, j'ai cru que j'allais crever, j'ai blessé, et je me suis droguée parce que c'est la seule chose qui me fait encore me sentir vivante putain. T'as été assez fort pour affronter des balles et des explosions, t'as survécu à tout ça. Pourquoi tu serais pas capable de continuer ? Il est maintenant le vrai combat. Mais tant que t'en auras pas envie, tu peux aller te faire foutre. J'ai plus la force de te remonter encore, parce que, la vérité, c'est que moi j'ai commencé à me noyer à partir du moment où t'es parti. Et depuis, pas une seule seconde je n'ai sorti la tête de l'eau. » Encore un regard. Puis elle se retourna, s'éloigna un peu, s'avança vers l'eau salée qui bientôt revint lui lécher les chevilles. Et, décroisant ses bras, elle donna un coup de pied dans le vide. Dans ce qui n'existait pas, et n'était pas. Avant de crier, encore une fois. Parce qu'elle était là.
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Johann G. Moore

« Johann G. Moore »
membre Ҩ finding neverland

๑ Tes messages : 34

๑ Son emploi : ancien 1st lieutenant dans l'us army, perçoit une pension d'invalidité.


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MessageSujet: Re: the silent whispers, silent tears ❞ (moore) the silent whispers, silent tears ❞ (moore) EmptyDim 17 Mar - 2:09


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(woodkid) ▽ With my tears you washed away the mud stuck on my hands, all the things you're trying to do make me a better man.
Que restait-il donc des enfants innocents qu'ils avaient bien pu être ? Que restait-il de ces temps passés, quand encore l'espoir vibrait dans leurs veines, dans ses veines ? D'une torche enflammée par l'envie de voir les lendemains meilleurs, Johann avait, désespérément, trop brûlé, tout brûlé, jusqu'à se réduire en cendres et entraîner dans sa chute tout ce qu'il avait construit, tout ce qu'il avait jusque là été. Réduit au néant, réduit à ce que chacun de nous redeviendrait de toute façon quand notre temps serait passé et effacé. De la poussière. De la poussière qui se dispersait doucement aux quatre vents, flottait dans les airs avant de disparaître dans les esprits et les temps. Au néant. Il ne pouvait plus porter ce poids. Il ne pouvait plus au moins le porter en solitaire, et pourtant, c'était ce qu'il insistait à faire. Jouer à Atlas, mais se faire écraser bien trop rapidement par ce monde perché sur ses épaules, et par les regrets amers de ses échecs répétés. Enfant de la Terre, enfant des astres, enfant bercé par ces illusions haut-perchées, par ces rêves un peu fous. Il avait rêvé, longtemps, gamin, d'être un héros. Un super-héros, même. Voyez le ridicule de la chose. Mais ce n'était qu'un petit garçon déjà bien grand dans son crâne, pourtant. Un héros. Qui rétablirait la justice, arrêterait les méchants et protégerait les gentils. Une vision aussi naïve et enfantine que cela. En s'engageant, au final, qu'avait-il fait ? D'un côté, il y avait bien eu un peu de cela en lui en ces instants-là. Il partait en se disant et se persuadant qu'il faisait une bonne chose, se battait et se battrait encore pour la bonne cause. Avant de perdre encore toutes ces illusions et ces fausses images qu'on lui avait gravées dans la tête. Là-bas, que valait-il ? Ce n'était pas leur guerre. Ce n'était pas sa guerre. Petits soldats de plomb lancés dans le bourbier pour des histoires qui les dépassaient largement. Un peu de monnaie, un peu d'argent, des excuses bidons de leur patrie pour tenter encore sûrement de ramasser le pactole, soutenaient certains. En tout cas, rien de ce que l'on aurait pu croire en réalité.

Il brisait les coeurs, il brisait les corps, il brisait les âmes, les êtres, les espoirs et les lendemains, déjà. Johann avait vu ses rêves mourir, de là où il se tenait, seul avec lui-même, en compagnie de sa conscience. Il ne se sentait plus chez lui nul part. Citoyen du néant, officiellement. Il n'arrivait plus à respirer l'air à la manière des autres, cela faisait toujours trop mal. Chaque inspiration, chaque expiration, lui rappelait trop fortement qu'il vivait quand d'autres mourraient. Certes, des milliers de personnes mourraient de façon constante tout autour de la Terre. Mais Johann s'en voulait, Johann se faisait des reproches, Johann avait des regrets. Johann était ainsi, à constamment culpabiliser pour une faute qui n'était pas sienne. Personne ne pouvait l'entendre, de toute manière, pleurer de façon continue ces vies qu'il avait fauchées, ces rêves qu'il avait écrasés. Des remords aux regrets, encore et toujours se balançait-il sur ce fil d'équilibriste, au-dessus du ravin. Il se battait, se débattait. Avec la vie, avec les autres, avec ses souvenirs, avec le monde entier... Avec lui-même. Un combat inégal puisque jamais il n'accepterait de baisser la garde face à l'ennemi, même et surtout si l'ennemi précisément était lui-même. Bloqué dans ce jeu de fous, dans ce cercle vicieux, cette attraction dangereuse et perfide.

Allongé au sol, Johann se sentait terriblement vide. Vide de sens, vide de temps, vide d'amour, vide de vie. Oui, il ne se réveillait chaque matin que pour elle. Pour les autres, incapable de laisser le monde un peu plus les blesser même si, il le savait tant et trop bien, il n'était plus capable de rien. Arrêter le massacre lui était impossible. Alors, oui, le petit héros qui faisait grandir la flamme et réveillait les espoirs et les morts, redonnait la lumière pour connaître la voie à suivre, le chemin à emprunter, était mort, mort et enterré. Entre un rêve de gamin et l'entrevue d'un futur simple et paisible; heureux. L’aîné des Moore n'était que cela. Une carcasse. Une carcasse vide, qu'il ne pouvait remplir que de sang et de larmes. Jusqu'à ce que les coutures cèdent, la pression soit trop forte, et que la bombe explose, pour son coeur à vif. Le regard rivé vers ce ciel en dégradé, irisé, que la nuit happait à son bon rythme, il parla, oui, alors. Parler pour ne rien dire, parler dans le vide, sûrement se parler à lui-même bien plus qu'autre chose. Et pourtant.. Et pourtant, il livrait toute la douleur qu'il ne pouvait laisser sa soeur entrevoir. Il la laisser enfin entendre sa peine. Il arrêtait quelques instants de fuir et de se cacher dans le monde qu'il s'était construit, quelque part dans son esprit, quelque part dans un angle perdu de son crâne en friche. Gillian déglutit, refermant les yeux. Ses yeux bleus, humides de sa course et du vent qui l'avait aveuglé, humides du sel qui les avait irrités, humides de ses sentiments et ressentiments amers et abîmés, mais si vifs et flambants. Des larmes brûlantes qu'il contenait avec difficulté. Des gouttes d'eau salée si acides qu'elles le consumaient de l'intérieur. Il souffrait, serrant les dents, d'entendre ces vérités qui écorchaient son âme. Il ne pouvait même plus regarder. Il était là, les muscles des maxillaires tant tendus qu'un léger spasme contractait l'angle de sa mâchoire par intermittence. Il était, allongé sur ce sable qui empêchait les blessures de cicatriser en s'incrustant dans les plaies, yeux fermés, mais il n'avait même plus le courage ou la force de les rouvrir. Il sentait chaque vibration de sa voix coléreuse se répercuter jusqu'au plus profond de ses os. Il devinait ce qu'elle faisait, il n'avait même pas besoin de la voir. Johann avait le sourcils légèrement froncés dans ce tic, ce mouvement qui vous faisait le plus possible clore vos paupières. Capter tout ce sur quoi il avait justement fermé les yeux, la douleur de sa petite soeur, la souffrance et l'enfer de celle qu'il avait tant de temps essayait de préserver, de protéger, le laissait en miettes, son coeur battant dans sa poitrine, mort et pourtant jamais plus vivant qu'il ne l'avait été. Encore un échec. La triste vérité qui lui sautait au nez, le mur de la fatalité dans lequel ils fonçaient tête baissée. « Je suis rien sans toi, Cam'.. » Sa voix s'était glissée hors de ses lèvres, fêlée, brisée, au bord du gouffre et des tempêtes. « Chacun son enfer, p'tite soeur. Pendant des années, pourtant, moi j'ai espéré, aussi con que ça puisse être. J'ai espéré t'offrir mieux, j'ai espéré, et chaque matin je me suis réveillé pour ça, justement. Pour me dire que je suis encore là, et que au pire le lendemain pourra toujours être meilleur. Tu vis, tu vois, t'as plus de force que moi au fond. Chacun son enfer, et ils se valent. Toi tu tiens toujours, au moins un peu. Mais j'veux pas.. J'veux pas te voir couler. J'veux pas te voir couler. Arrête un peu de te préoccuper de mon cas, pense à toi. Je suis pas toujours sûr de vraiment être vivant et de ce monde, mais bats-toi pour toi-même. Arrête de tout faire pour moi, maintenant. J'suis l'aîné, et j'aurais dû être là. J'ai pensé faire le bon choix, mais je suis plus sûr de rien. C'est pas à toi de te soucier de moi, c'est l'inverse. Je.. Tu le sais autant que moi, qu'Adriel est venu ici seulement pour me surveiller. J'ai failli y passer dans ses bras, et lui.. c'est mon supérieur, tu sais.. Enfin.. C'est mon ami. Enfin, c'que j'veux dire.. » Silence. Il ne savait pas comment s'exprimer. Incapable de mettre les bons mots au bon moment sur les bons sentiments. Il ne savait pas ne pas éviter les sujets dangereux. Il parlait avec le coeur, il parlait avec le temps. Johann avait rouvert les yeux, mais n'avait pas pour autant réussi à la regarder, si proche de lui, et pourtant si éloignée. Un cheveu, des milliers d'années-lumières. Il aperçut du coin de l'oeil, en périphérie de son champ de vision, la première étoile de cette soirée, dans le ciel assombri par les bras de la nuit. Un petit bout de rien qui brillait, solitaire, dans le ciel. Comme eux, grains de sable dans la machine infernale de la vie. Seuls au milieu de tous les autres. Marginaux des existences de ces temps. Si au moins ils pouvaient ne pas se perdre mutuellement dans ces marées violentes, ces tempêtes fracassantes et ces mers de doutes... ► CAPTAIN CORNFLAKES
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