You are the reason why i'm still alive, the reason why i never gave up, even when i thought i might die back there. I Love You. «
Tu dois vraiment partir? ». Les larmes qu'elle pouvait voir dans les yeux de la jeune femme face à elle, lui brisèrent le cœur. Elle posa doucement sa main sur la joue de Marissa, la regardant en gardant le silence. Elle n'avait jamais pensé pouvoir tomber amoureuse, encore moins que quelqu'un puisse l'aimer en retour, pourtant, depuis qu'elle avait rencontré Marissa à un arrêt de bus, sa vie avait changée. «
Oui. Mais je reviendrais, je te le promet. ». Elle pouvait bien faire cette promesse, mais elles étaient toutes les deux conscientes qu'elle ne serait peut-être pas en mesure de la tenir. Dylan partait pour l'Irak le lendemain, elle reviendrait oui, la question c'était de savoir si elle reviendrait vivante. Les larmes lui montèrent aux yeux à son tour. Elle était déjà partie en Afghanistan deux ans plus tôt, mais son départ avait alors été tellement plus facile. Oui, elle avait laissé des gens derrière elle, comme Scott, son meilleur ami, mais cette fois, c'était différent. «
Tu as intérêt de revenir. Et vivante ! Tu m'entends ! Je m'en fiche qu'il te manque une jambe ou un bras, ou quoi que ce soit d'autre, mais reviens vivante! ». Elle entendait la peine dans la voix de Marissa et cela ne l'aidait pas à partir l'esprit tranquille. Cela lui donnait plutôt envie de rester là, de serrer la jeune femme dans ses bras et d'oublier tout le reste. A une époque, c'est certainement ce qu'elle aurait fait, oublier ses responsabilités pour faire quelque chose de plus plaisant, mais l'armée l'avait changée. Elle serra tout de même Marissa tout contre elle, fermant les yeux un instant. «
Je t'écrirais, je te téléphonerais. Tu verras, tu auras l'impression que le temps a passé très vite. ». C'était facile à dire pour elle qui aurait l'esprit occupé par bien d'autre chose, mais pour Marissa, elle savait combien ce serait différent. Elle avait entendu certain de ses camarades raconter l'enfer que leurs femmes vivaient quand ils n'étaient pas là, alors oui, elle savait que ce ne serait pas facile pour Marissa, mais elle n'avait pas le cœur à le lui dire. «
J'aurais aimé pouvoir venir te dire au revoir demain. ». Dylan s'écarta alors un peu de la jeune femme, la regardant l'air désolé. Elle aussi, elle aurait aimé, mais c'était tout simplement impossible. «
Tu sais bien que tu ne peux pas... Si l'armée apprend que... ». «
Au moins tu resterais là, auprès de moi, au lieu d'aller risquer ta vie là-bas! ». La colère dans la voix de Marissa n'était même pas cachée. Elle savait combien sa petite-amie détestait qu'elle appartienne à l'armée. Elles en avaient déjà longuement parlé, se disputant à plusieurs reprise sur le sujet. Marissa ne supportait pas de devoir cacher leur relation, ne supportait pas de vivre avec cette peur au ventre de la perdre, mais Dylan devait beaucoup à l'armée, sans ça, elle ne serait pas la femme qu'elle était maintenant. «
Je refuse qu'on se dispute aujourd'hui. On pourra en reparler autant que tu veux, mais pas aujourd'hui. ». La jeune femme face à elle se contenta de faire un signe positif de la tête. Elles devaient se dire au revoir pour une période indéterminée, alors non, elles ne se disputeraient pas aujourd'hui.
+++
«
Tiens, regarde celui-là. Chirurgien, donc il doit être intelligent et musclée, donc il doit être plutôt sportif. ». Dylan regarda Marissa en levant légèrement un sourcil. Elle regrettait un peu le temps où elles devaient se cacher, le temps où elles n'étaient pas mariées et où elles n'étaient pas en train de chercher un donneur pour concevoir l'enfant qu'elles désiraient toutes les deux. Parce que sincèrement, cette recherche l'agaçait plus qu'autre chose, comment était-elle supposée choisir l'homme idéal, celui qui serait parfait pour concevoir un enfant ? Elle n'en avait aucune idée, sauf qu'elle ne pouvait pas s'exprimer sur le sujet, parce que Scott s'était proposé de les aider, que sa femme était pour cette idée et qu'elle, elle avait refusé. L'idée qu'une partie de son meilleur ami grandirait dans le ventre de sa femme lui avait été trop insupportable, déjà qu'elle n'aimait pas les savoir seuls tous les deux quand elle partait en mission, alors non, elle avait refusé. C'est donc en dessinant un sourire sur son visage qu'elle regarda par dessus l'épaule de Marissa, la photo de l'homme dont elle lui parlait. «
T'es consciente qu'il porte un postiche ? Tu veux vraiment que notre fils soit chauve avant l'heure? ». Oui, elle cherchait la petite bête, ce petit détail qui ferait que non, elle ne choisirait pas cet homme là. Elle le voulait cet enfant pourtant, elle le voulait plus que tout, parce qu'elle savait que cela compléterait sa famille et que dans quelques années, elle oublierait combien il avait été difficile de trouver un père biologique pour son enfant. «
Hum...T'es consciente que ce sera peut-être une fille ? Je sais que tu rêves d'un petit garçon avec qui jouer au foot et au soldat, mais on aura peut-être une fille. ». Un garçon ou une fille, Dylan s'en fichait, dans les deux cas, elle lui apprendrait à jouer au foot, à respecter l'armée américaine et à filer droit. Elle déposa alors un baiser sur le front de son épouse. «
Je sais bien, mais je pense qu'avoir une fille chauve, ce serait encore pire. ». Marissa leva alors les yeux au ciel, consciente qu'elle ne retirerait rien de bon de Dylan maintenant. Pourtant, il fallait qu'elles se décident et ça, Dylan en était plus que consciente. Dans le fond, c'était peut-être ce qui lui faisait le plus peur. Dans quelques temps, elle partirait une seconde fois pour l'Afghanistan, elle n'avait pas encore de date, juste l'ordre de se tenir prête au départ. Marissa et elles s'étaient mises d'accord pour choisir un donneur avant qu'elle ne parte, afin qu'elle puisse commencer pendant son absence. Dylan avait dit que cela ne la dérangeait pas, seulement l'idée de ne pas assister à la naissance de son enfant la terrorisait. «
Dyl'... Il faut qu'on choisisse aujourd'hui, sinon on n'arrêtera pas de repousser et... ». Elle n'avait pas besoin de continuer sa phrase pour que Dylan comprenne. Elle soupira alors, consciente que sa femme avait raison. Elle se passa une main dans les cheveux avant de faire une légère moue. «
Tu sais quoi ? Prends celui que tu veux. Je m'en fiche à quoi notre enfant ressemblera, s'il sera intelligent, virtuose ou sportif. Tout ce que je veux, c'est qu'il soit en bonne santé! ». C'était la seule solution pour être capable un jour de faire un choix, laisser Marissa le faire seule. Sa femme essaya de protester, mais elle l'en empêcha en l'embrassant. Cela ne servait à rien de continuer d'en discuter, elle ne serait jamais capable d'en choisir un.
+++
«
Tu peux prendre ta fille Dylan ? Elle pleure et je suis en train de préparer son biberon, je ne peux pas être partout. ». L'intéressée leva alors les yeux vers sa femme avant de regarder le bébé, qui s’époumonait dans son transat. Mais elle ne bougea pas, comme chaque fois que Marissa lui avait demandé de s'occuper du bébé depuis son retour. Dylan n'avait apprit l’existence de cet enfant qu'à son retour d'Afghanistan, blessée à l'épaule et complètement changée. «
Elle se fait les poumons. ». C'était un truc que son père avait l'habitude de dire quand elle pleurait, lorsqu'elle était plus jeune. Et si il était possible que cela soit vrai pour un bébé, à huit ans, il y a peu de chose pour que cela le soit encore. Elle qui s'était jurée de ne jamais être comme son paternel, sombrait petit à petit vers le côté sombre de sa personnalité. Le regard posé sur la petite fille, il lui était simplement impossible de la prendre dans ses bras. Elle était revenue depuis deux semaines et pas une seule fois elle ne l'avait prise. «
Bordel Dylan, tout ce qu'elle veut c'est être prise dans les bras en attendant son biberon. ». Elle ne bougea pas pour autant. Pour le soldat, les pleures avaient prit une définition bien différente et entendre cet enfant pleurer, cela ne faisait que lui rappeler qu'elle n'était pas digne d'en être sa mère. Alors non, elle ne la prendrait pas dans ses bras. Pourtant, elle n'arrivait pas à détacher son regard de ce petit être si innocent. Elle sursauta en sentant la main de sa femme se poser sur son épaule et il lui fallut beaucoup de contrôle pour ne pas céder au geste de protection que son instinct lui criait pourtant. «
Ce n'est que moi! ». Sa réaction n'avait pas échappé à Marissa, qui avait déjà subit les conséquences du stress post-traumatique de sa femme. Sans aucun doute, elle se souviendrait toujours de la nuit où elle s'était réveillée, étranglée par Dylan qui faisait un mauvais rêve. Dylan se passa une main sur le visage. «
Excuse-moi. ». Des mots qui revenaient sans cesse depuis son retour, des mots qui ne seraient jamais suffisant. Mais loin de s’énerver, Marissa lui déposa un baiser sur le front. «
Ce n'est rien. ». La mâchoire de Dylan se serra un peu en voyant sa femme prendre l'enfant dans ses bras et lui donner son biberon, calmer aussitôt ses pleures. Elle était passée où l'époque où elle voulait tellement de cet enfant ? Loin, le champ de bataille avait fini par effacer ce qu'il y avait de meilleur chez Dylan, la rendant au simple état de coquille vide. Elle se massa doucement l'épaule, celle où elle c'était reçus une balle juste avant son retour. Les médecins avaient dit qu'elle ne devrait plus sentir de douleur maintenant, ils s'étaient trompés. Malheureusement, avec son passé, elle n'avait le droit qu'à de l'aspirine pour calmer la douleur et cela n'avait rien de suffisant. Marissa vint alors s'asseoir à côté d'elle, le bébé dans les bras. «
Tu devrais en parler à ton docteur, qu'il te mette quelque chose de plus fort. ». «
Il ne peut pas. On ne donne pas d'antidouleurs à une ancienne droguée, peu importe depuis combien de temps elle a décroché. ». Marissa soupira avant de se lever et de quitter le salon. Depuis son retour, Dylan n'était pas vraiment la même et si sa femme essayait de la soutenir du mieux qu'elle le pouvait, ce n'était pas aussi évident, loin de là. Dylan avait peur, peur de la perdre, de la voir s'éloigner petit à petit de celle qu'elle était aujourd'hui, mais était totalement incapable de trouver la solution pour changer, malgré les longues heures passées chez le psy'. Le temps, c'était tout ce dont elle avait besoin maintenant, de temps pour guérir. Elle espérait juste qu'elle ne détruirait pas son mariage en attendant.