◮ Quel était votre rêve le plus fou lorsque vous étiez enfant ?
La réponse est un peu triste mais elle est vraie ; enfant, son rêve le plus fou était retrouver son père. Comme son l’indique, ce fantasme n’était en rien réalisable. Parallèlement, il souhaitait également devenir super-héros, s’étant longtemps plongé dans un univers peuplé de comics ou bien de livres d’aventure. Un monde dans lequel il prit plaisir à se complaire. En en parlant avec sa mère, il fut plus abattu en apprenant qu’il ne pourrait jamais enfiler des collants rouges (sans paraître ridicule, ça va de soi) plutôt qu’en s’apercevant que son père ne chercherait jamais à le retrouver.

◮ Quel est LE truc que vous faisiez enfant et que vous ne pouvez plus faire maintenant ?
Se prélasser toute la journée dans son lit, sous les couvertures fraîchement repassées. S’il devait revenir en arrière, il profiterait encore plus de ces petits moments de détente qui, parfois, s’étiraient du matin jusqu’au soir. Depuis la naissance sa fille, il a essayé une fois de profiter d’un long après-midi devant la télévision mais, rapidement, le tintamarre infernal du téléphone le dérangea dans ses douces occupations. A croire que Dawn n’avait, elle non plus, rien d’autre à faire. Le combiné de l’appareil plaqué contre l’oreille, Holden avait regardé un film d’horreur, un bol de pop-corn sur les genoux.

◮ Ça veut dire quoi être adulte exactement pour vous ?
Des responsabilités, rien que des responsabilités. En devenant adulte, Holden s’est débarrassé de ses problèmes, relatifs à l’adolescence, et s’est forgé une vision plus réaliste du monde qui l’entoure. Cela ne l’a jamais réellement dérangé car, très jeune et de par l’absence de son père, il a dû affronter la méchanceté du genre humain. Evidemment, lorsqu’il était enfant, il pensait qu’être adulte impliquait nécessairement la liberté de faire et d’être. C’est un fait. Mais cette liberté le pousse également à s’intéresser à des choses dont il n’avait habituellement cure (les impôts, par exemple) et dont sa mère s’occupait.

◮ Une petite anecdote, peut-être ? & une phrase fétiche ?
Lorsqu’il avait huit ans, au cri de « Moi ? Pas cap ? », Holden sauta du haut de son balcon. Heureusement, il vivait au premier étage d’un immeuble. S’il fit cela, ce fut en partie pour impressionner son nouveau groupe d’amis ; une idiotie dont il ne peut à présent plus se défaire car, en souvenir de ce temps révolu, une légère estafilade barre son avant-bras. Parallèlement, il répète souvent « Je vois, je vois, je vois. » lorsqu’il n’écoute pas réellement la personne avec qui il discute. De plus, il s’amuse souvent à scander des citations, ne serait-ce que pour montrer l’étendue de son savoir. Sa phrase favorite reste celle-ci : « Sauve une personne et tu sauves le monde entier. ».

PSEUDO: Ophée. AGE: dix-neuf ans. COMMENT AS TU CONNU LE FORUM : grâce à mon super gros chou des bois. QU'EN PENSES-TU ?: le concept est jouissif, j'adore. le design est vachement classe également. DEDICACES: mon gros chou et mon ex, das beasties (always).

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Il pouvait entendre les remarques acerbes, les nombreux sifflements désapprobateurs. Il remarquait ces regards condescendants qu’on lui adressait. Ses petits doigts agrippaient la main sensiblement contractée de sa mère. Lorsqu’il avait peur, Holden n’avait qu’à lever son visage candide vers celui de sa génitrice ; une force nouvelle s’insufflait alors en lui, consumant ainsi ses craintes et les maux que cette haine, déraisonnée à ses yeux, lui inculquaient. A cette sombre époque où les mères célibataires étaient littéralement bafouées par la société, le garçonnet subissait courageusement le mépris de ses aînés. Sa bravoure découlait surtout du fait qu’il devait absolument ignorer ce qu’on lui faisait subir, suivant l’exemple de sa mère dont l’annulaire brillait surtout par l’absence d’une alliance. « Ne les regarde pas. » Les lèvres de Lizzie Baxter s’entrouvrirent à peine. Dans ce petit village, situé en plein de cœur de l’Illinois, dont elle était originaire, tous les habitants se connaissaient. Les secrets, s’il en existait, ne perduraient jamais bien longtemps. Elizabeth Baxter avait fauté. Les gloussements des plus jeunes avaient rapidement retenti, les cris outrés des anciens également. Malgré tout, rien n’avait su arrêter l’entrain constant de la jeune femme. Elle habitait avec ses parents et un de ses plus jeunes frères, s’occupant avec brio de son fils à présent âgé de six ans. Il était cependant temps pour elle de se libérer des ragots, des menaces et des insultes. Elle allait quitter Ewing, prenant enfin la décision de tourner le dos aux gens qui participaient à la destruction progressive de son existence, pour rejoindre une ville du Massachusetts. Lizzie avait obtenu un travail de secrétaire, dans un cabinet médical, à Provincetown ; inutile de préciser qu’elle plaçait énormément d’espoirs en ce départ. Là-bas, elle serait lavée de cette réputation sordide qui, la plupart du temps, la précédait. Tout allait s'arranger à Provincetown. Elle le savait, elle le sentait. Tout.
«…c’est ton enfant ! » Holden haussa paisiblement les épaules, sans accorder le moindre regard à son ancienne fiancée. Une femme charmante mais pour qui il ne ressentait rien. Il était arrivé à ce point de fission, à cette implosion silencieuse, où rien ne pouvait plus l’ébranler. Policier, il accordait plus d’importance à sa carrière qu’à sa vie sentimentale. Si seulement il avait été moins idiot, peut-être n’aurait-il pas pris tant de risques. A présent, il ne pouvait plus reculer. Il pouvait agir comme son géniteur et délaisser ses responsabilités ; cette perspective ne l’enthousiasmait guère, même si elle représentait tout de même une solution de facilité non-négligeable. Holden se racla la gorge, partiellement gêné par la situation. Il allait être père. Il se redressa et croisa les bras sur son torse. « Je vais être là pour lui. » Souligna-t-il avec une certaine aigreur, bien décidé à faire comprendre à sa vis-à-vis qu’il n’était pas homme à se faire facilement évincer, dénigrer. Evidemment, cette révélation remettait en question énormément de choses ; son avenir, au sein de la police, n’était en rien compromis mais, en tant que futur parent, il allait sûrement avoir d’autres priorités. A bien des égards, il comprenait les raisons pour lesquelles son propre géniteur avait fui ; trop de responsabilités, trop de situations à gérer, trop d’inquiétudes qui n’ont pas de raison d’être. « Et nous deux ? » Holden arqua un sourcil et, instinctivement, porta son regard bleuté en direction des mains jointes de sa compagne. Elle portait encore la bague de fiançailles qu’il lui avait offerte, quelques mois plus tôt, lorsque leur relation était encore reluisante. Il l’avait quittée pour ne pas façonner son existence avec de faux espoirs et, de fait, il n’avait aucune envie de détruire sa vie. Son regard, sournois, glissa jusqu’à son ventre encore plat qui, progressivement, allait considérablement s’arrondir. C’était chose faite désormais, sa vie avait pris un nouveau tournant. « Il n’y a plus de nous deux, Rae. Comprends-le. » Ravalant sa fierté, la jeune femme hocha brièvement la tête. « Mais je vais être là pour toi, Rachel, tu portes notre bébé. Et tu es importante à mes yeux. » Souffla-t-il enfin. Leurs regards se croisèrent. Lentement, un sourire étira les lèvres de sa compagne.


« Arrêter tes études pour faire quoi ? » Arquant un sourcil dubitatif, Holden délaissa un court instant le dossier qu’il étudiait. Il se redressa et toisa sa fille de son regard azuré. Celle-ci haussa les épaules et ne cilla pas face à son géniteur, dont elle connaissait toutes les techniques d’intimidation. Ses lèvres s’étirèrent en un bref sourire carnassier alors que ses boucles brunes rebondissaient élégamment autour de son visage angélique. « Tu m’as bien comprise. » Sa bouche, teintée d’une délicieuse couleur vermillonne, laissa alors échapper un léger rire satisfait. Interloqué, Holden ne laissa cependant rien paraître, maître de lui-même en toute circonstance. Malgré lui, ses doigts commencèrent à tapoter nerveusement la surface de son bureau en acajou. Jamais il n’avait eu à aller à l’encontre des idéaux de sa fille, Dawn, ayant toujours jugé bon de lui laisser l’indépendance qu’elle désirait. Un tel comportement de sa part découlait non seulement du désir cuisant de faire son bonheur, mais mettait aussi en relief son envie de se débarrasser de l’image de père indigne qu’il devait supporter. Il n’était pas foncièrement mauvais : il avait assisté aux grands évènements de la vie de Dawn, de ses premiers spectacles de danse jusqu’à, plus récemment, la remise de son diplôme de fin d’études. « Soit, je résume. Tu comptes quitter l’université en plein mois de, il jeta un rapide coup d’œil au calendrier, février pour devenir comédienne. Intéressant. Ta mère est au courant ? » Demanda-t-il sans sourciller, même s’il connaissait déjà la réponse à ses interrogations – qu’elles soient ou non silencieuses. Dawn serra imperceptiblement la mâchoire. L’aspect inébranlable de ses traits fins s’estompa. « Pas encore. » Abattue, elle se laissa choir sur le fauteuil en cuir noir, en face du bureau de son père. « Mais toi ? Toi, tu serais d’accord ? » Holden dirigea ses prunelles sur les photographies qui jalonnaient les feuilles qu’il s’évertuait à trier. Des jeunes filles, pour la plupart, qui arboraient des visages tuméfiés. Meurtries, autant moralement que physiquement, dans la fleur de l’âge. L’homme déglutit, peu enclin à donner une réponse qui, s’il se fiait à son instinct, ne conviendrait certainement pas à l’esprit romantique et rêveur de Dawn. « Tu es suffisamment grande pour savoir ce que tu veux faire de ta vie, déclara-t-il machinalement, alors oui. J’suis d’accord. » Repoussant d’un revers de main toutes les visions d’horreur qui envahissaient sa mémoire tourmentée, il esquissa un demi-sourire complice à sa fille qui, folle de joie, tapait frénétiquement ses paumes l’une contre l’autre.


« Je suis chargé de votre protection. » Précisa Holden, exaspéré d’être confronté à l’alter-ego de sa fille. La jeune femme lâcha un petit grognement sourd, décolla son front de la fenêtre et tira le rideau. Renfrognée, elle fit volte-face et contempla son vis-à-vis de haut en bas. Une telle inspection fit frémir le principal intéressé qui, désireux d’échapper au plus vite à cette silencieuse confrontation, porta son regard vers les nombreuses photos accrochées aux murs du salon. Cette pièce, comme le reste du logement, était décorée avec goût et raffinement. « Qu’allez-vous faire maintenant ? » Demanda Yara-Snow. Sa voix pulvérisa le silence prudent de l’inspecteur qui, déstabilisé, ne sut pas quoi répondre. « Nous allons retrouver ceux qui s’en prennent à votre famille,… essayez de ne pas y penser. » Yara se mordilla la lèvre inférieure. « Facile à dire. » Elle esquissa enfin un petit sourire. Timide, délicat. Etrangement beau en cette fin de soirée. « Je suppose que nous allons devenir les meilleurs amis de monde, vous et moi. » Tout débuta ainsi. Pourtant, Holden avait toujours pris sagement ses distances avec les personnes qu’il était amené à côtoyer quotidiennement. Yara-Snow était amoureuse de lui mais rien, strictement rien, n’était susceptible de lui faire penser que c’était réciproque. Il était largement plus vieux qu’elle, il possédait cette placidité propre aux policiers expérimentés. Il l’aimait également. Il l’aimait mais il ne devait rien lui dire. C’était mieux ainsi, il en était persuadé. Il pensait principalement au bien de Yara ; elle méritait largement mieux qu’un flic qui, selon lui, n’était pas capable de lui offrir ce qu’elle désirait. C’était une torture à laquelle il s’offrait, il ne pouvait en tirer aucun plaisir. Lorsqu'ils se voyaient et ce, fréquemment, rien n'était plus affreux que de conserver un silence religieux alors qu'il voyait Yara se consumer dans son coin. Elle allait l'oublier rapidement, s'éprendre d'un autre homme. C'était certain.