◮ Quel était votre rêve le plus fou lorsque vous étiez enfant?
Mon rêve le plus fou ? ..Je crois surtout que je voulais être un héros, et sauver tout le monde. Ma famille, surtout. Voyez, le gars qui rattraperait tout le monde et apporterait la fin heureuse.. ? J'voulais être un héros. Je savais même pas comment, mais c'était fou parce que j'y croyais. Que je ferais le bien, tout ça. Pour certains ça peut sembler comme n'étant pas fou, mais pour moi ça l'était. C'était fou de se dire que je pouvais faire comme les héros, peut-être, un jour, et sauver les "gentils", mettre les "méchants" hors de nuire... Et puis bon, après, j'ai appris la nuance, aussi.

◮ Quel est LE truc que vous faisiez enfant et que vous ne pouvez plus faire maintenant?
Rassurer ma soeur. Je tente pourtant encore maintenant, parfois, mais ça sonne faux. Parce que ça marche pas, un type qui ne sort plus depuis des semaines et des beaux mots pour tenter de rasséréner quelqu'un. J'en suis incapable, totalement. Et c'est dur à digérer. Parce que je n'arrive plus à la protéger, à lui faire croire durant un instant, avec un regard, pas grand-chose, que demain serait meilleur. J'ai perdu de mon pouvoir quand en général c'est l'inverse pour les autres. Mais, au fond, je suis devenu incapable pour à peu près tout, maintenant.

◮ Ça veut dire quoi être adulte exactement pour vous?
Pas grand-chose. Je crois que je suis adulte depuis bien plus longtemps que les autres de mon âge. En même temps, être l'aîné et se dire qu'il faut tenir la famille à bout de bras, ça forge. J'ai commencé les petits boulots jeune, et puis je m'occupais un peu de ma soeur.. beaucoup de mon père. Alors bon. Être adulte, c'est devoir assumer les responsabilités. Chose que je fais depuis un bon bout de temps. Alors pour moi, être adulte c'est pas une question d'âge. Ni rien de tout ça. C'est faire face aux problèmes, et savoir qu'on doit les résoudre et qu'on peut pas y échapper. Ouais, c'est assumer.

◮ Une petite anecdote, peut-être? & une phrase fétiche?
Sûrement que ma soeur a parlé de notre père. Et je peux pas la contredire, j'y ai pensé, parce que ce moment-là c'est le genre de moments qu'on oublie pas. Et pourtant c'est tout simple et tout bête. Anecdote, ce qui me revient sinon.. ces fois où je l'ai porté jusqu'à son lit. C'était courant. Il se répandait en excuses, moi je la fermais. En parlant d'anecdotes, j'aurais pu aussi parler de toutes mes années dans l'armée. Ou de la première fois quand j'ai posé mon regard sur ma petite soeur, cloué dans ce lit d'hôpital. Et que mon coeur s'est fêlé.

PSEUDO: Captain Cornflakes AGE: 14 ans. COMMENT AS TU CONNU LE FORUM : bazzart m'y as menée ! QU'EN PENSES-TU ?: c'est beau et c'est frais . DEDICACES: WESHEUH SPÉCIALE DÉDICACE À MOI-MÊME //ZBAFF// Ahum. Aux deux autres faibles que nous sommes à se ramener ici en meute

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<taken>julian morris</taken>[color=black] ∞[/color] johan g. moore

C'est bête à quel point je peux arriver. Je me parle à moi-même, intérieurement. Normal. C'est vrai, tout le monde fait ça, tout le monde se parle, comme ça, tranquille. En même temps, parfois, y'a des gens autour de moi mais je me sens encore plus seul. Je crois que j'ai du mal à me réadapter. Je faisais déjà ça à l'hôpital militaire. J'ai besoin de parler, mais je sais pas à qui. C'est pratique. 'Fin. Bref. Je dois plus ressembler à rien, à force. Je sors pas, je veux pas. Je crois que je suis pas prêt. Encore une belle connerie de ma part. Faudrait que je soigne le mal par le mal. Faudrait que je tente. Mais j'ose même pas. J'ose plus rien. Des mois en hôpital militaire, des mois à entendre les autres crier la nuit. Quand c'était pas moi, je parie. Il paraît que ça nous fait facilement ça. La nuit, c'est pire que tout, on est reparti là-bas. Espérons que je gueule pas trop dans mon sommeil, j'aimerais bien que Cameron puisse quand même un peu dormir.. J'ai toujours été là ou presque pour qu'elle puisse dormir, même si ça me valait des nuits blanches. Quand p'pa était saoul. Quand p'pa divaguait. Quand p'pa déprimait. Tout le temps. Là pour lui, puisqu'il n'y avait plus personne d'autres que moi pour calmer sa peine. Fait chier, quand même. Tout ça parce que notre mère l'a quitté. C'est encore un peu flou dans mon crâne, c'est fou. Mais parfois j'ai l'impression que j'ai toujours vécu ça. Comme ça. Tout le temps. J'avais quasiment rien, on avait quasiment rien. Mais fallait faire avec. Ah pour ça, c'est sûr que je suis pas un fils d'aristo'. Certain, même. J'étais presque le plus adulte de la famille. Quoique, plus que presque. Il touchait le chômage, puisqu'il foutait plus rien et avait tout laissé tombé. Alors je me suis mis à bosser après les cours et sur les week-ends dès que j'ai pu. Mais bon. Franchement, des petits boulots d'adolescent, ça suffit pas à tenir une famille la tête hors de l'eau. J'étais ici, j'étais là, je faisais tout. J'avais tous les rôles. Je voulais surtout que Cam' puisse avancer sans trop de problèmes. Ma p'tite soeur.. La majorité s'est mise à approcher, après. Et j'me suis dit.. j'me suis dit que je pourrais m'engager. Dans l'armée. Dès mes dix-huit ans, paf, un bon boulot. Bien payé. Pour tenir toute la famille, c'est ce qui semblait le plus aisé. Sauf que les services sociaux ont compris qu'on était dans la merde. Trop tard, ça faisait des années qu'on fonctionnait comme ça. Et puis trop tôt. J'avais pas encore dix-huit ans. Putain.. ce jour-là a été horrible. Qu'ils viennent nous chercher alors qu'on savait rien de ça.. Qu'ils nous arrachent à notre père.. Insupportable. C'est vrai, quoi. Peut-être qu'il buvait. Peut-être qu'il agissait pas comme un père l'aurait dû. Mais on l'aimait. Malgré toute notre vie, malgré tout, malgré ça. On le retrouvait, parfois, on se contentait de peu. Je crois que j'ai pété une gueulante pas possible. C'était inhumain, c'était cruel. C'était tout bonnement dégueulasse, y'a pas d'autres mots. Surtout pour faire ce qu'ils ont fait après. Quelques semaines en foyer, tous les deux, avant que j'ai mes dix-huit ans, enfin. Eux, ils voulaient me voir partir. Mais y'avait Cameron. Quatorze ans. Je me disais que je pouvais pas l'abandonner comme ça. Elle avait besoin de moi. Mais je pouvais pas subvenir à nos deux personnes avec rien que des petits-boulots, quoi. Alors j'ai fait ce que je pensais faire, depuis un bout de temps, avant qu'ils viennent nous arracher à p'pa. M'engager. Dans l'armée. Rien que pour le fric. Tu parles, l'idée d'être le gentil qui foutrait la raclée aux méchants, ça m'avait quitté depuis un bon bout de temps. Mais en y repensant.. j'ai peut-être un petit peu réalisé un vieux rêve de gamin que j'avais enterré. Quoique. J'en doute. Parce que on se rend vite compte que ce bordel.. ben c'est vraiment le bordel, la guerre, tout ça. Et au fond, après, t'es même plus sûr d'être le gentil ou le méchant de l'histoire. J'ai tenu presque huit ans, comme ça. J'avais signé pour dix ans.. Sept ans et quelques, ça irait mieux. Et en sept ans, j'ai eu le temps de ramasser un peu de fric. C'est ça, au moins. C'est pour ça que j'étais parti, après tout. C'est sûr, c'était pas simple. De voir Cam' seulement pendant les permissions. Un mois par ci, un mois par là. On a perdu du temps, mais bon. On peut pas retourner en arrière, de toute façon. Et pendant tout ce temps, j'ai au moins fait une bonne rencontre. Adriel. Dire que sans lui je serais pas là ce serait même plus mentir. Même pas. C'était la fin de l'été dernier. Certes, à ce moment-là, les états-unis étaient censés ne plus avoir de troupes, ne plus être en guerre. Tu parles. On y était toujours. On était toujours là-bas. On était toujours là-bas, et au fond, on risquait toujours notre peau. Rien que de me dire ça, j'ai envie de grincer des dents. On aurait dû partir avant.. N'empêche que c'était août 2012, et que je pissais le sang dans ses bras. Quelle connerie. Une grenade, une attaque, un accident. Et j'avais la hanche réduite en miettes et la jambe en charpie. Tout ça c'est un peu embrumé dans mon crâne, mais en même temps c'est ce qui fait le plus mal. Hôpital en Irak, passage par l'Allemagne durant une petite semaine, avant qu'on puisse me rapatrier. En kit, quoi. Et bon.. y'avait eu les opérations, y'a eu toutes ces conneries, la récupération, le temps qu'on me répare, la rééducation un peu.. j'peux pas nier qu'ils ont fait du beau boulot. Mais je boîte. Je boîte depuis ça. J'suis bancal. Au sens propre comme au figuré. Je m'étais bardé contre ce que j'avais dû faire pendant toutes ces années, cette blessure, la convalescence, qu'on me réforme définitivement, ça a tout fait exploser. Dans ma tête. Et maintenant, ouais, je suis là. Et je sors même pas. Je sais que Adriel a réussi à négocier pour pouvoir quitter le terrain, après ça. Rester réserviste pour sa dernière année de contrat. Je lui dois un peu la vie. Mais la vie, je crois qu'il faudrait que je m'y remette sérieusement. Pour Cameron. Au moins.