◮ Quel était votre rêve le plus fou lorsque vous étiez enfant?
Pour une enfant qui grandit sans son père, avais-je un rêve original ? Bien sûr que non, je voulais le connaître, je cassais les pieds à ma mère jour et nuit pour enfin savoir qui il était. J'étais simplement une petite fille qui rêvait de rencontrer son père, de pouvoir jouer avec, mais j'étais sûrement trop jeune pour comprendre la situation, et la seule réponse à laquelle j'avais le droit c'était qu'il me fallait attendre.

◮ Quel est LE truc que vous faisiez enfant et que vous ne pouvez plus faire maintenant?
Je faisais des caprices tous les jours à ma mère, pour qu'elle me dise enfin qui était mon père. Je ne peux plus le faire, pour deux raisons bien distinctes. La première étant qu'elle a enfin répondu à ma question, et qu'aujourd'hui je connais mon père. La deuxième est qu'aujourd'hui ma mère refuse de m'adresser la parole, elle n'a pas supporté que je devienne l'infirmière la femme de mon père, et que je l'accompagne jusqu'à la fin de sa vie. Peut-être la jalousie ?

◮ Ça veut dire quoi être adulte exactement pour vous?
Être adulte, je crois que c'est arrêter de rêver comme je le faisais étant petite. C'était arrêter de vivre dans un monde beau et sans choses horribles qui se passent, sans tristesse, avec pour seule activité s'amuser. Être adulte, c'est avoir soudainement des responsabilités comme rapporter de l'argent, payer les factures, se préoccuper de remplir le frigo... il y a moins de place pour l'amusement, plus pour le travail; Être adulte c'est vivre en anticipant les journées suivantes.

◮ Une petite anecdote, peut-être? & une phrase fétiche?
L'anecdote la plus étrange me concernant, c'est certainement les relations que j'entretiens/entretenais avec les différents membres de ma famille si particulière. Fille illégitime d'un homme marié, je m'entendais plus avec sa femme, pour qui je suis pourtant la preuve que son mari a été infidèle, qu'avec mon père lui-même. Et si j'ai pu amadouer deux de mes frères, celui du milieu, pourtant de mon âge est incapable de me voir en peinture.

✖ PSEUDO: Nyhra. ✖ AGE: 22 ans. ✖ COMMENT AS TU CONNU LE FORUM : Par ma petite soeur. ✖ QU'EN PENSES-TU ?: Il m'a l'air très bien, et très prometteur.✖ DEDICACES: //

Code:

<taken>amanda seyfried</taken>[color=black] ∞[/color] sadie m. duncan

« Sadie Marisol Duncan ! »
Ce n’était pas bon signe. Depuis que j’étais toute petite, lorsque ma mère prenait la peine d’utiliser l’intégralité de mon identité pour m’appeler c’est que je risquais gros. Je me souviens encore de la première fois où elle m’avait appelée de cette manière. En petite fille capricieuse, qui voulait connaître son père, j’avais dessiné aux feutres sur les murs de notre maison. J’y étais allée fort cette fois-là, et je n’avais toujours pas obtenu gain de cause par cette bêtise.
« Comment oses-tu me faire une chose pareille ? »
Et je prenais ma première gifle à vingt-cinq ans. Je n’étais pas certaine de savoir à quoi elle faisait référence, mais j’avais ma petite idée. J’imaginais qu’elle n’appréciait pas du tout mon changement soudain de travail. Elle m’avait payé des études d’infirmière, et j’avais un bon poste à l’hôpital, que je venais tout juste de quitter. Pour connaître le pourquoi, il fallait remonter quelques années auparavant.

J’avais enfin obtenu gain de cause, j’allais connaître l’identité de mon père, j’allais pouvoir le connaître ! Par contre, j’étais loin d’imaginer qu’il était marié, avec trois fils, et que j’étais sa fille illégitime en plus de ça. J’étais née après mon demi-frère aîné, très peu de temps avant mon deuxième demi-frère, et plus tard il y en avait eu un troisième. Traduction, j’étais le fruit d’un adultère. Le fruit inconnu d’un adultère, mon père n’avait jamais su, et j’apprenais à sa femme que son mari n’avait pas toujours été fidèle. Je n’avais même pas songé au mal que je pouvais faire en entrant dans leur vie.
Pourtant j’avais trouvé une partie de ma famille. Je n’étais pas plus proche de ça que mon père, peut-être n’avait-il pas trop apprécié que je débarque ainsi et révèle son infidélité. Mes frères… si j’en avais séduit deux, le dernier ne m’appréciait guère. Aussi avais-je des liens avec l’aîné et le benjamin, le cadet m’ignorait fortement. Quant à leur mère… je n’aurai jamais cru que cela se passerait ainsi entre nous.

« Vous ne me détestez même pas ? »
« Pourquoi te détesterais-je, Sadie ? »
« Je suis la fille illégitime de votre mari. »
« Et en quoi es-tu responsable, dis-moi ? »
« Je… je suis la preuve que votre mari a été infidèle et c’est quand même moi qui ai débarqué dans votre vie… »
« Sadie, tu n’as rien à te reprocher. Vouloir connaître son père, je ne crois pas que ce soit un crime. Et quand je vois quelle jeune femme tu es, je me dis que dans le mal qu’il m’a fait, il y a quand même du bien. »

J’ignorais qu’elle était malade à ce moment là, qu’elle allait mourir. Les années ont passé, j’étais proche de mes frères, et de leur mère, j’essayais de parler à mon père, et d’adoucir le frère qui ne m’appréciait pas. Ma vie avançait, j’avais même un petit ami maintenant, mais ça j’aurai dû m’en passer. Bref, je revenais à cette gifle.
« Tu oses quitter ton emploi pour t’occuper de cette femme ? »
« Maman… »
« Comment peux-tu me poignarder ainsi dans le dos ? »
« Maman ça n’a rien à voir avec toi. »
Je crois qu’elle se fichait bien de la raison, elle ne pouvait simplement pas accepter que je devienne l’infirmière de la femme de mon père. C’était sûrement une trahison pour elle, mais je faisais ce qui me permettrait de me regarder encore dans un miroir.

« Comment allez-vous ce matin madame Hellington ? »
« Quand m’appelleras-tu enfin par mon prénom ? »
« Jamais. »
Je prenais soin d’elle depuis des mois déjà. Chaque jour je la voyais décliner un peu plus, s’affaiblir et perdre de sa vitalité, mais jamais de sa douceur et de son amour. Olivia Hellington souffrait d’une cardiomyopathie inopérable… Elle allait mourir et je serai là jusqu’au dernier moment. Je lui avais promis. Ma mère ne me parlait plus, le mal était déjà fait, j’aurai tout le temps de chercher à renouer le contact avec elle lorsqu’Olivia ne serait plus là. Sa plus grande peur était d’avoir contaminé ses fils, et chaque jour elle me questionnait à ce sujet, tous avaient fait les tests, tous étaient négatifs, du moins je le croyais.
Je n’avais pas cherché à fouiller, je cherchais simplement Jake. Sa mère le réclamait pour je ne savais quelle raison, et devant sa fatigue constante, j’étais partie en quête de mon jeune frère. « Jake ? » avais-je demandé avant d’entrer. Quel foutoir dans cette chambre ! Ca m’amusait toujours autant de le voir. Je m’y attardais un peu, je regardais le mur de photos que nous avions fait ensemble. Depuis que je les avais « trouvés » Jake était de loin celui avec qui je m’entendais le mieux. Je souriais devant une photo où nous tirions tous les deux la langue avec une grimace horrible, et mes yeux tombaient alors dessus… … Un mot avait attiré mon regard « Positif ». J’avais sorti la feuille de sous les autres papiers, et je constatais que mon petit frère nous avait tous menti…
« Sadie ? »
« C’est quoi ça ? » lui demandais-je à la fois furieuse et ébranlée.
« Tu fouilles mes affaires maintenant ? »
« Je te cherchais… Jake tu nous as menti ! »
« Tu n’avais pas à fouiller dans mes affaires ! »
« C’est tout ce que tu trouves à dire ? Que je ne devais pas fouiller ? Jake, bordel ! »
Je n’arrivais pas à y croire, nous étions si proches, et il me cachait une chose pareille. Une longue discussion s’en était suivie. Il était aussi malade que sa mère, et tout aussi inopérable qu’elle. Mon petit frère, tout comme sa mère, trouverait la mort de manière prématurée. Il faisait promettre de ne rien dire, et j’acceptais devant ses arguments.

« Qu’as-tu donc depuis quelques jours ? »
« Rien, ne vous inquiétez pas. »
« Tu es préoccupée. »
« Par votre état seulement. »
Mon téléphone vibrait, et je voyais « Andy » s’afficher. Je refusais l’appel et soupirais une nouvelle fois. Je faisais un sourire à Olivia, mais elle n’était pas dupe, même dans son état. J'avais cru pouvoir la berner, mais j’avais tort et je devrais m’en excuser à un moment. Tandis que je m’occupais de ses soins, elle trouva la force de continuer à me parler.
« Ce n’est pas quelqu’un de bien, tu ne devrais pas rester avec lui. »
« Vous n’en savez rien. » Dis-je avec un sourire.
« J’ai vu tes marques, Sadie. »
J’aurai vraiment cru pouvoir garder ça pour moi, et surtout ne pas l’accabler avec mes problèmes. Trop tard, si elle avait vu, elle savait qu’en effet Andrew n’était pas quelqu’un de bien, et que la seule chose à faire pour moi, c’était partir. Elle me posait des questions et j’osais alors lui répondre. J’avais tellement peu pensé à moi ces derniers temps, tellement pu eu d’estime pour moi également… Je m’étais embourbée dans cette relation autodestructrice, et je n’avais trouvé aucun moyen de m’en sortir.
« Dis-moi Sadie… lequel est malade ? »
« Pardon ? »
« Je suis sûre que l’un d’eux m’a menti. »
« Vous ne pouvez pas le savoir. »
« Je suis une mère, Sadie. Tu prendras soin de lui n’est-ce pas ? Même si c’est… »
« Je prendrais soin de chacun d’entre eux, tout le temps, je vous le jure. »
« Tu as rendu la fin de ma vie merveilleuse, tu sais… Et je ne regrette pas une seule seconde ton existence. Si j’avais eu une fille, je n’aurai pas voulu qu’elle soit différente de toi. Tu dois parler à ta mère, et quitter Andrew, vraiment… »
« Merci Olivia. » Lui répondis-je des larmes dans les yeux.

Deux jours plus tard, Olivia Hellington est morte. Je perdais ma meilleure amie, et mère de substitution en l’absence de la mienne. Elle m’avait supplié du regard de l’aider à s’en aller, elle m’avait prié de sa voix si faible de stopper sa souffrance, et j’avais fini par accepter. Je ne pouvais plus la regarder souffrir.
Après son enterrement, Jake est venu me voir. Il voulait retourner à Princetown maintenant. Et comme j’avais promis à sa mère que je prendrais soin de lui, je n’allais pas le laisser partir seul. Et voilà que j’allais aussi pouvoir me séparer d’Andrew, fuir sa violence et mes souffrances.