Back there, when i was thinking of you, i was thinking that you should have been next to me. I'm glad you weren't , i wouldn't have survived losing you.«
Qu'est-ce qu'il avait à vous reprocher cette fois? ». Dylan grimaça lorsque Scott posa la compresse imbibée d'alcool sur son arcade. Il était le seul à savoir et à pouvoir la comprendre. A l'aider, sans jamais la juger, ni elle, ni sa famille. Simplement parce qu'ils étaient pareil, des gamins à qui la vie ne fait aucun cadeau. Des gamins que la plupart des gens voyaient finir en prison, ou mort d'une overdose très jeune. Et ils n'avaient pas encore fêté leurs treize ans. «
Le rôti était trop cuit. Je me suis mise entre elle et lui. ». Elle n'avait pas besoin d'ajouter que, pour sa peine, il avait reporter sa colère sur elle. Elle avait mal partout, il ne lui avait pas seulement ouvert l'arcade, il lui avait aussi donné de méchants coups dans l'estomac et dans les côtes, elle aurait de vilain bleus le lendemain. Mais elle survivrait, elle avait l'habitude, elle savait quand elle devait aller à l'hôpital et quand elle pouvait s'en passer, laissant souvent Scott prendre soin d'elle. «
J'ai hâte de faire le poids pour lui casser la gueule un jour! ». C'était quelque chose qu'il disait chaque fois. Scott, elle le connaissait depuis presque aussi longtemps qu'elle pouvait s'en souvenir. Ils avaient été chez la même nounou, pendant que leurs mères se tuaient au travail et que leurs pères n'étaient pas en mesure de s'occuper d'eux. Ensemble, ils avaient joué au ballon dans leur rue, avaient aidé Madame Stevens, l’octogénaire du quartier, s'occupaient des plus jeunes. A force, ils étaient devenu plutôt connu dans ce quartier pauvre de Provincetown, des bons gamins, qui finiraient mal comme chacun disait. Elle grimaça une nouvelle fois lorsqu'il posa le pansement sur son arcade. Par chance, c'était une coupure assez minime. «
Tu crois que ça dérangerait ta mère que je passe la nuit ici? ». Elle n'avait absolument pas envie de retourner chez elle ce soir. Elle avait besoin de se reposer, pas d'écouter sa mère s'excuser auprès d'elle ou son père lui crier dessus parce qu'elle avait quitté la maison sans lui demander son avis. Le lendemain, il aurait oublié toute cette histoire, alors elle pourrait rentrer et si elle avait de la chance, ce serait même une bonne journée, une journée où il ne s'énerverait pas. Mieux encore, une journée où il ne rentrerait pas à la maison, ces jours là, elle les bénissait. «
Non. Je vais lui dire d'appeler ta mère pour la prévenir. ». Elle le remercia d'un signe de tête alors qu'il sortit quelques instants de la chambre. Moment durant lequel Dylan en profita pour s'allonger sur le lit. Elle se surprenait parfois à rêver d'une vie meilleure, mais pour ça, elle devrait d'abord trouver un domaine où exceller. Ce n'était définitivement pas les études, elle se tenait plus proche d'une faible moyenne que de la tête de classe. L'art n'était pas non plus quelque chose dans lequel elle était douée. Il ne lui restait plus que le sport, mais elle ne serait jamais aussi forte que les autres, elle le savait bien, son père lui avait répété plus d'une fois qu'elle n'était qu'une bonne à rien. Elle sortit de ses pensées alors que son meilleur ami entra de nouveau dans la pièce. Il lui fit un sourire avant de venir s'allonger à côté d'elle. «
Ta mère était rassurée de te savoir ici. Elle dit qu'il est sortit, mais que c'est préférable que tu restes ici. ». Elle ne répondit rien, se contentant de se tourner sur le côté et de fermer les yeux. Il se tourna aussi pour la prendre dans ses bras et la réconforter du mieux qu'il le pouvait. Mais la seule chose qu'il pouvait faire, c'était être auprès d'elle, comme elle était auprès de lui quand il avait des problèmes à son tour. «
Bonne nuit. ». C'était sa façon à elle de lui dire qu'elle ne voulait pas en parler plus et il accepta sans rechigner, lui répondant un rapide
bonne nuit à son tour. Ils n'étaient rien que deux gamins abîmés par la vie, que tout le monde voyait déjà mal tourner.
+++
«
Je savais que je te trouverais ici. On t'as jamais dit que c'était bizarre de se rendre dans un cimetière en pleine nuit. ». Dylan avait sursauter en entendant la voix de Scott, reversant par la même occasion la moitié de sa bière sur la pierre tombale qu'elle regardait depuis plusieurs heures déjà. Elle avait les yeux rouges, mais ce n'était pas d'avoir pleuré. Elle regarda son meilleur ami prendre une bière et l'ouvrir sur la pierre tombale, avant de s'y asseoir. Elle savait qu'elle aurait dû lui en vouloir, qu'elle aurait dû lui demander d'être plus respectueux avec la personne qui était enterrée ici. La vérité, c'est qu'elle en était incapable, parce que l'homme enterré ici n'était autre que son père et il ne méritait le respect de personne. Surtout pas le sien, ni celui de Scott. «
Qu'est-ce qui t'arrive, t'as peur de te faire attaquer par des fantômes? ». Il se mit à rire, mais elle vit clairement qu'il n'était pas des plus rassuré à se trouver là. Il aurait presque manqué que cela soit un soir de pleine lune et il serait partit en courant. Ce genre de choses ne l'effrayait pas elle, peut-être parce qu'elle n'avait absolument pas peur de la mort. Elle se passa une main dans les cheveux avant de prendre une longue gorgée de sa bière. Les gens avaient eu raison, ils avaient mal tourné. Elle sortit une liasse de billet avant de la donner à Scott. «
Tu avais raison, avec un joli sourire, on peut vendre absolument ce qu'on veut. ». Elle lui fit alors un joli sourire, même si il était des plus forcé. Il prit la liasse qu'il rangea dans la poche de sa veste avant de sortir un sachet en plastique remplit de joint déjà roulés. Cette fois, le sourire qui se dessina sur le visage de Dylan était des plus vrai. Mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que cela soit, il sortit un autre sachet en plastique, plus petit celui-là et remplit d'une poudre blanche qui les ferait voyager encore plus loin. «
Qu'est-ce que tu préfères ce soir? ». Elle ne réfléchit même pas, s'emparant aussitôt du petit sachet. Ce soir, elle ne voulait pas être juste un peu stone, elle voulait être complètement défoncée, peu importe si ils étaient en milieu de semaine. Ce soir, elle fêtait l'anniversaire de la mort de son père, elle devait le faire correctement. Et c'était le seul moyen d'oublier l'image de sa mère tenant une arme, d'oublier le bruit sourd du coup de feu, d'oublier tout ce sang... Elle avait beau détester son père, cette image ne cesserait jamais de la hanter. Et à à peine dix sept ans, elle était accroc à la cocaïne, dealait de la drogue, séchait les cours et ne voyait absolument aucun avenir pour elle. Scott ne pouvait pas l'aider cette fois, parce qu'il était dans la même merde qu'elle. Elle prépara deux lignes directement sur la pierre tombale de son père, une pour elle, une pour Scott. Elle ne se fit pas prier longtemps pour aspirer la poudre blanche, souillant une fois de plus son organisme de cette drogue. Elle se laissa ensuite glisser le long de la pierre tombale, s'asseyant maladroitement. Elle prit une nouvelle gorgée de sa bière avant de regarder les étoiles, songeuse. «
Tu crois qu'on connaîtra autre chose que cette mère un jour? ». Elle n 'était pas assez naïve pour croire sincèrement que cela soit possible, mais rêver un peu n'avait jamais fait de mal à personne. «
Non. Mais je m'en fou, tant que t'es toujours là. Toi et moi, contre le reste du monde. ». Même si Scott venait de briser son rêve avant même qu'il ne puisse vraiment s'envoler, elle se mit à sourire. Parce qu'il avait raison, quel importance cela faisait du moment qu'ils restaient ensemble. Posant sa tête sur la pierre, elle soupira en fermant les yeux. «
Toi et moi contre le reste du monde. Enfin, toi, moi et deux jolies filles. Je crois pas que je te supporterais aussi longtemps si on reste célibataire. ». Ils éclatèrent de rire tous les deux, Scott manquant presque de tomber de la pierre tombale. Ils n'avaient pas encore fêté leur dix-sept ans, ils allaient bientôt entrer en dernière année de lycée. En théorie, ils avaient toute la vie devant eux et pourtant, ils étaient persuadés que leur vie était finie, ou du moins qu'elle n'en valait pas vraiment le coup.
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«
Tu déconnes là ! Dis moi que tu déconnes Dyl' ! D'abord tu t'éloignes de moi. Tu changes à cause de cette Leïa et tu sais quoi, je me suis presque dit que c'était une bonne chose après tout, pour toi. Et là tu débarques et tu m'annonces que tu rejoins l'armée ! Tu te fous de ma gueule? ». Elle se tenait droite devant lui, visiblement nerveuse. Elle avait redouté le moment où elle lui annoncerait, parce qu'elle savait qu'il détesterait. Au cours de leur dernière année de lycée, Dylan avait rentré une première année avec qui elle était devenue amie, Dieu seul sait comment et qui l'avait aidé à se sortir de la merde dans laquelle elle s'était mise. Le prix avait été de s'éloigner de Scott, mais elle ne l'avait jamais oublié pour autant, elle avait essayé de le pousser à s'en sortir avec elle, il n'avait pas pu. Par fierté ou par jalousie, cela n'avait aucune importance, tout ce qui comptait à présent, c'était qu'ils n'étaient plus du tout au même stade de leur vie. «
C'est ce qu'il y a de mieux pour moi Scott ! On sait tous les deux que j'ai été tout juste diplômée, alors je vais pas obtenir de bourse pour une fac ! Personne ne veut d'une ancienne droguée dans son établissement ! Et qu'est-ce que tu veux que je fasse ici ? Serveuse ? Au moins dans l'armée je pourrais vraiment être utile, servir à quelque chose! ». Elle n'avait pas prit sa décision à la légère. Ce n'était pas un coup de tête, elle y avait réfléchit de longues heures, s'étaient renseignée sur le sujet, pour finalement se dire que c'était sa chance de devenir quelqu'un de bien. Elle le devait à Leïa, pour l'avoir aidée ainsi, elle le devait à sa mère, pour tout ce qu'elles avaient vécu, mais elle le devait aussi à Scott, pour toutes ces années où il avait été là pour elle. Elle avait les larmes aux yeux, vraiment désireuse que son ami de toujours accepte son choix, espérant secrètement un peu plus. Et dans les yeux de Scott, elle pouvait aussi voir des larmes. Il sentait l'alcool et l'herbe, mais elle savait qu'il était pleinement en possession de ses moyens depuis qu'elle lui avait annoncé la nouvelle. «
Te faire tuer tu crois que c'est servir à quelque chose? ». Elle lui prit doucement la main, la serrant fort dans la sienne. Il avait peur de la perdre et elle le savait. Elle aurait aimé lui garantir qu'elle survivrait, mais c'était une promesse qu'elle n'était malheureusement pas en mesure de faire. «
C'était toi et moi contre le monde, t'as oublié? ». Elle s'empressa de faire un signe négatif de la tête alors que les larmes commencèrent à couler le long de ses joues. «
Non Scott, j'ai pas oublié ! Viens avec moi ! Tu peux t'engager aussi, l'armée t'aidera! ». Elle ne pensait plus qu'à ça ces derniers temps, à cette idée que peut-être, ils pourraient le faire ensemble. Quoi qu'il dirait, elle le ferait, mais si il venait avec elle, elle savait qu'elle le ferait l'esprit encore plus libre. Malheureusement, il lui lâcha la main et fit un signe négatif de la tête. «
Je peux pas ! Il faut bien que quelqu'un reste ici pour consoler ta mère quand elle recevra tes médailles et qu'on devra t'enterrer ! ». Elle le trouvait horriblement dur avec elle. Mais elle le connaissait assez pour savoir que c'était simplement un moyen pour lui de se défendre, que dans quelques jours, il reviendrait la voir pour s'excuser, qu'il serait là pour la voir partir, dans son uniforme de l'armée. Mais pour le moment, elle se contenta de le laisser là tout seul, ça ne servait à rien de continuer cette discussion.
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«
T'es doué avec elle. ». Debout contre l'encadrement de la porte, Dylan regardait Scott s'occuper de sa fille. Cet enfant, qu'elle arrivait à peine à regarder. Si on lui en avait parlé quelques années plus tôt, elle n'aurait jamais cru que Scott soit capable de calmer un bébé comme il venait tout juste de le faire. A vrai dire, elle n'aurait pas cru qu'il soit en mesure d'être auprès d'un bébé, mais tout comme elle avait changé, lui aussi avait remonté la pente et ils étaient de nouveau redevenu le Scott et la Dylan qu'ils étaient auparavant. A l'exception près que Dylan avait une vie plus rangée et que Scott rattrapait ce temps qui leur avait été volé. «
J'étais auprès de Marissa tout au long de sa grossesse, elle doit être habitué à ma voix c'est tout. ». Dylan grimaça alors, il venait de toucher un point sensible. Elle n'était plus la même depuis son retour d'Afghanistan, pour tout un tas de raisons dont elle ne parlait pas, mais cette grossesse, ce bébé, ça la perturbait au moins autant que ce qu'elle avait vu là-bas. Marissa lui en voulait d'être incapable de s'occuper de la petite fille, elle le savait, mais personne ne cherchait vraiment à comprendre pourquoi. Personne ne pensait à la possibilité qu'elle se sentait coupable de ne pas avoir été là pour supporter sa femme durant la grossesse, qu'elle regrettait de ne pas avoir été là le jour de l'accouchement. Elle avait parfois l'impression que tout le monde s'attendait juste à ce qu'elle accepte cette situation facilement, mais elle n'en était pas capable. Elle regarda alors son meilleur ami se lever du canapé et s'approcher d'elle. «
Prends-là dans tes bras. ». elle fit un signe négatif de la tête avant de le contourner pour s'éloigner de lui. «
Je ne peux pas Scott! ». Elle se retint pour ne pas laisser échapper un cri, fatiguée que tout le monde essaie de lui forcer la main dans cette situation. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas la petite fille, une partie d'elle l'aimait plus que tout au monde, mais il lui semblait incapable d'entre en contact avec cette partie d'elle. Elle avait voulu un enfant, l'avait planifié avec Marissa, mais elle n'avait jamais pensé que les choses se passeraient comme ça, dans son dos. Même si elle avait donné son feu vert à sa femme, elle avait plus ou moins espéré qu'elle attendrait son retour pour avoir cet enfant. «
On dirait que tu ne fais même pas d'effort Dyl' ! Qu'est-ce qui t'arrive ? Si au moins tu me parlais, mais on dirait que même ça tu ne sais plus comment faire! ». Il marquait un point, avant, elle lui aurait certainement parlé de tout ce qui la travaillait, de ce qui la tenait éveillée une partie de la nuit, de ses angoisses, de ses peurs. Aujourd'hui, elle n'en était plus capable. Pas que ses sentiments vis-à-vis de Scott aient changé, il était et resterait toujours, son meilleur ami, seulement la guerre l'avait changée et elle ne savait pas comment redevenir celle qu'elle était avant de partir. «
Qu'est-ce que tu veux que je te dise Scott ? Peut-être que j'ai pas envie de faire un effort, peut-être que j'étais pas prête à avoir un enfant! ». Et sur ces derniers mots, elle tourna les talons et quitta sa propre maison en claquant la porte. Elle avait beau être entourée de sa femme et de son meilleur ami, elle se sentait seule, parce qu'ils n'arrivaient pas à comprendre et qu'elle n'arrivait pas à leur expliquer. Et plutôt que d'essayer, elle préféra partir marcher quelques heures, histoire de se calmer et de ne plus en parler.