C'était fou à quel point Savage avait oublié qu'il n'y avait pas forcément autant besoin de se couvrir et d'enfiler trois tonnes de vêtements ici, à Provincetown. Disons qu'elle n'était ni frileuse, ni dérangée par la "chaleur", mais elle avait juste oublié comment c'était, que de vivre ici. Il fallait dire qu'elle avait énormément voyagé, depuis ses 16 ans. 10 ans ... 10 ans à faire le tour du monde, ou presque. Oui, parce qu'elle y tenait : elle n'avait pas encore 26 ans, cela attendrait encore quelques mois. Et puis, il fallait aussi retrancher 2 ans et demi à cette période faîte de voyages, de tours en avion, de nuits passées dans des hôtels. Depuis qu'elle avait rencontré Stellan, elle s'était tout de même posée, dans son pays natal à lui. Mais les voilà arrivés aux Etats Unis : un retour au bercail, pour elle. Cela lui faisait infiniment de bien, même si, bon, Provincetown n'était tout de même pas sa ville natale. Mais elle avait besoin de s'éloigner un peu de l'urbanisation à outrance. Et Cape Cod n'était pas trop loin non plus. Stellan y travaillait, alors elle avait déjà eu l'occasion d'y retourner plus d'une fois. C'est fou ce que son fiancé pouvait parfois être tête en l'air, avant d'aller commencer à travailler, oubliant parfois même son téléphone, ou son bipper, ce qui obligeait Savage à aller les lui amenés. Mais cela faisait partie des nombreux charmes qui lui faisaient tourner la tête, chez lui.

Oui, donc, il faisait plus chaud ici que là d'où ils arrivaient. Et si Savage avait un dressing relativement bien rempli pour faire face à toute situation et à toute météo (hey, on est une fille ou on ne l'est pas !), ce n'était pas réellement le cas de son fiancé, et de leurs deux fils. Les jumeaux avaient de toute façon presque sans cesse besoin de nouveaux vêtements, puisqu'ils en étaient encore au stade où ils grandissaient et prenaient un peu de poids chaque jour. Et puis, de toute façon, cela donnait une bonne occasion à Savage d'aller faire du shopping. Elle aimait être bien habillée, et répercutait ce goût là sur ses 3 "hommes", comme elle les surnommait. Elle s'essayait parfois à la couture, mais elle se piquait les doigts à force de perfectionnisme. Et puis, elle avait un peu perdu la main, se montrant pour l'instant plus douée à dessiner des modèles de fringue qu'à les mettre réellement en forme réelle. Et puis, oui, encore une fois, elle était perfectionniste, alors les jumeaux ne pouvaient plus entrer dans ce qu'elle leur avait confectionné lorsqu'elle se montrait enfin satisfaite d'elle-même. Elle les aurait bien emmenés avec elle, mais Stellan était de repos, alors elle les avait laissés entre hommes, sachant bien qu'il était important pour eux de passer du temps ensembles. Et comme ça, cela dissuaderait peut-être tout gros lourd se croyant bon de venir la draguer, tout ça parce que les jeunes mères, ça pouvait en faire fantasmer plus d'un.

Soudain, alors qu'elle marchait dans la galerie commerciale, elle croisa, de loin, une silhouette lui étant très caractéristique. Il fallait savoir que Savage avait de nombreux frères et sieurs, et qu'elle entretenait des rapports différents avec chacun. Mais Lullaby, elle lui était très particulièrement. Oui, parce qu'elle n'en doutait pas, là-bas, cette jolie blonde à la démarche quelque peu féline, c'était sa sœur, Lullaby. Lullaby, ou son Irish Twin, comme elle aimait parfois à l'appeler : nées la même année, mais à plusieurs mois d'intervalle. Sans se soucier de ce que pourrait bien en penser les gens (on apprend vite à se défaire du regard des autres et de la honte quand on a des parents comme les leurs), Savage se redressa de toute sa grandeur, avant d'adresser un grand signe de la main, en hurlant. « Lully !!! »